Signification de la semaine Sainte selon le Père Francis Ilboudo

La semaine après le 5ème dimanche du carême est appelée Semaine Sainte en raison de la sainteté des mystères dont on fait commémoration. Elle est un temps de préparation intense à la fête de Pâques. La semaine commence avec la célébration de la bénédiction des Rameaux(dimanche des rameux) incluant déjà une lecture de la Passion : paradoxe entre l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem et sa mise à mort quelques jours plus tard.
Dans l’Eglise catholique de rite latin ,la semaine se compose pour nous aujourd’hui d’une part :
de la fête des rameaux, dimanche des rameaux,
des lundi, Mardi et mercredi Saints sans cérémonie particulière. Ces jours nous préparent au mystère de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour les hommes.
Et d’autre part « le Triduum pascal »
Durant 3 jours, les chrétiens sont invités à passer avec le Christ par le dépouillement, la souffrance et la mort pour vivre avec lui la résurrection et entrer dans sa gloire.
Jeudi Saint
Le triduum commence le Jeudi saint qui annonce la fin du Carême et l’entrée dans le mystère de Pâques.
Jésus prend son dernier repas (Paul 1 Cor. 11,23-26) avec les 12 apôtres dans la salle dite du « Cénacle ». Paul, Marc, Luc et Matthieu rapportent les récits de la Cène au cours de laquelle, en prenant le pain et le vin, le Christ rend grâce et offre son Corps et son Sang pour le salut des hommes. S’identifiant à l’agneau pascal, il institue l’Eucharistie.
L’Eglise catholique rattache aussi à ce dernier repas l’institution du sacerdoce, puisque le Christ dit à ses apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi » ; c’est une fête particulière pour les prêtres.
Vendredi Saint
C’est le jour où l’on célèbre la Passion du Christ et sa Mort sur la croix. La célébration est centrée sur la passion, la mort du Christ et la vénération de la croix sans messe. Les chrétiens s’unissent aux souffrances du Christ pour le salut de tous en faisant pénitence.
Samedi Saint
Pour les disciples, tout semblait fini. Jésus était mort. Il leur avait pourtant expliqué à plusieurs reprises qu’il devait souffrir et qu’il ressusciterait le 3ème jour. Mais cela, ils ne le comprendront que plus tard.
C’est un jour de silence et d’attente. On ne célèbre ni baptême, ni mariage. La célébration de la résurrection commence le samedi soir à la Veillée Pascale.
Cette célébration de la nuit du Samedi saint au dimanche de Pâques est une « veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire de la vie sur la mort. C’est la Célébration par excellence, celle du cœur de la foi chrétienne.
Tout au long de la semaine sainte, chacun est invité à suivre le Christ : d’abord avec la foule comme le dimanche puis au cours du Triduum pascal. Nous aboutissons à la veillée pascale où dans la lumière, retentit cette parole : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité.

Homélie du dimanche des Rameaux Année C
La liturgie de ce Dimanche des rameaux, chacun le sait, est marquée par l’évocation de deux faits apparemment contradictoires : l’entrée festive de Jésus à Jérusalem et le récit de sa passion. En unissant ces deux événements pourtant bien distincts, l’Eglise veut nous rappeler que le règne du Christ n’a rien de triomphal ni de dominateur. Bien au contraire, c’est à travers son amour désarmé que le Seigneur nous a donné le Salut.
Le Pape Benoît XVI avait bien raison d’affirmer que « la croix est la premier mot de l’alphabet de Dieu », car elle l’unité de mesure de son amour. Alors que les uns n’y voient que barbarie et supplice, le croyant y décèle un signe de la prévenante miséricorde de son Dieu.,
Un détail significatif de l’entrée à Jérusalem retient mon attention : la foule en liesse crie à pleine : « Béni soit celui qui vient, lui notre roi au nom du Seigneur. Paix dans le Ciel et gloire au plus haut des cieux ». Vous avez certainement noté, comme moi, une différence importante par rapport au message des anges dans la nuit de Noël : « Paix sur terre aux hommes qu’il aime ». L’Evangéliste Luc suggère donc qu’au moment de la passion, la paix n’est qu’au Ciel ; elle n’est plus sur la terre. A l’heure où les hommes condamnent le Fils de Dieu, la paix peut-elle régner parmi eux ? Il ne peut pas avoir de paix quand on rejette Dieu.
Pourquoi les attentats partout, pourquoi des actes de violence, pourquoi la paix est mise à rude épreuve ? Pour ma part, la violence de notre époque résulte d’un choix libéral : la résistance à Dieu. Cette résistance à Dieu se manifeste par cette entrée en soi de l’homme moderne qui peut bien déboucher sur une sorte de « privatisme » ( Je-me- moi) qui soit non seulement réfractaire à toute autorité et à toute institution mais très égocentrique et avidement tourné vers le confort matériel, la satisfaction immédiate des besoins et des désirs. On se dépense de plus en plus pour oublier l’au-delà et ainsi le spirituel qui est en l’homme. Dieu est en chaque homme et l’ignorer c’est creuser un vide dans l’existence. Si nous nous coupons de Dieu nous devenons du coup étranger à nous-mêmes. Quand nous devenons étrangers à nous même nous perdons les pédales. Nous n’y voyons plus une frontière entre le bien et le mal. Nous serons habités par une confusion générale. Nous perdons l’unité de notre vie. Nous nous sentons prisonniers du présent, incapable d’opter fermement une quelconque direction. Et quand une personne n’est plus en mesure d’envisager l’après-vie ni de se situer au-delà du temps et de l’espace de sa vie, elle perd la fièvre d’exister. Alors, elle se donne à la violence et c’est ce phénomène qui est d’actualité.
Nous vivons quotidiennement le drame de la croix. Des personnes sont condamnées comme le Sauveur au plus cruel des supplices.
Pour les acteurs du drame de la passion du Christ, il nous est difficile de les regarder de loin comme si nous n’avions rien de commun avec eux. Un regard rétrospectif nous rend à l’évidence que nous pouvons nous identifier à ces acteurs. Certes, nous n’étions ce jour-là ni à Jérusalem, ni au Golgotha, mais nous pouvons identifier quelque chose de nous-mêmes et de nos actes dans l’agir des protagonistes d’alors.
Judas nous rappelle nos trahisons de l’amitié, de l’amour, de la parole donnée…..
Pierre nous renvoie à nos reniements et à nos abandons de la foi, alors que nous nous targuions volontiers de tenir bon et d’être meilleurs que les autres…
Les disciples endormis puis en fuite ne sont-ils pas le reflet de nos assoupissements et de nos manques de courage quand il s’agit de témoigner ?
Pilate n’évoque-t-il pas nos propres lâchetés devant Dieu et devant les hommes quand nos intérêts personnels passent avant la justice et la vérité ?
En revanche, d’autres acteurs de la passion ont éclairé ‘l’heure des ténèbres’ de leur courage et de leur foi : Simon de Cyrène, qui a porté la croix aux côtés du Seigneur, incarne nos accompagnements fraternels de ceux qui souffrent et tombent ; il nous invite à cette présence bienveillante auprès de ceux qui sont exclus. Et puis, nous rejoignons le Centurion, cet officier romain qui a rendu hommage au crucifié, lorsque nous nous tournons vers le Christ avec foi et courage.
La passion du Christ se poursuit encore aujourd’hui sous nos yeux. Quel rôle y jouons-nous ?
Revenons à Jésus Christ qui nous pardonne de nos lâchetés et de nos avidités
Ab Francis Patindé ILBOUDO

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