« C’est un phénomène comme vous le savez, qui reste prégnant au Burkina.
Il n’ ya pas pire violence faite aux femmes que l’exclusion
Malheureusement, comme on le dit, c’est vraiment une violence qui est basée sur le genre, c’est parce que ce sont des femmes, qu’on les accuse de sorcières puisqu’elles sont vieilles, bien entendu, il y’a quelques hommes qui sont également victimes de ces pratiques, mais leur nombre est infiniment petit par rapport au nombre des femmes qui sont exclues.
Des centaines de femmes sont exclues et c’est grâce aux structures de prise en charge que certaines ne meurent pas ; parce que, lorsque vous êtes exclues d’une famille, d’un village vous n’avez plus de parents ».Dixit le Coordonnateur de l’ONG « Voix de Femmes », Raphael Zonnaba.
La question des accusations de sorcellerie a été prise en compte par le nouveau code pénal a souligné Daouda Céssouma en charge au ministère de la solidarité nationale. En effet, la loi 01 portant protection et prévention des violences faites aux femmes basées sur le genre entrée en vigueur en 2015 et ensuite en 2016- 2017, vient à la suite de celle qui porte protection des personnes âgées accusées de sorcellerie a-t-il ajouté et d’indiquer que ce code pénal vient renforcer et reprendre en son compte les dispositions antérieures.
Bien que cette loi existe, des femmes, par allégations de mangeuses d’âmes, sont toujours exclues de leur milieu social.
Daouda qui espère de tout son cœur que les femmes qui défendent les droits des femmes, les femmes elles-mêmes vont se prévaloir de ces nouvelles dispositions pour se protéger et se faire réhabiliter en cas de besoin, s’est associé à l’ONG « Voix de Femmes », pour renforcer les capacités d’une trentaine de journalistes et communicateurs sur cette problématique du 13 au 16 janvier 2021 à Kaya au Centre Nord.
Ce phénomène est prégnant au pays des hommes intègres a expliqué Raphael (pour abonder dans le même sens que son prédecesseur) ; c’est pour cela que sa structure « Voix de Femmes » avec l’appui d’une ONG qu’on appelle Press Africa ont organisé cet atelier afin de renforcer les compétences des journalistes et surtout les sensibiliser sur cette problématique qui reste toujours d’actualité.
Daouda Céssouma qui dit compter sur les femmes et hommes de médias, les a exhorté à s’impliquer d’avantage de par leurs productions journalistiques pour les aider à la sensibilisation et à l’éveil des consciences des populations par rapport aux violences qui sont faites aux femmes notamment la question de l’excision, de l’exclusion sociale ( particulièrement les accusations de sorcellerie, vous voyez que c’est un phénomène grave qui porte atteinte à la dignité des personnes qui sont accusées ) « Nous espérons que après nos informations communiquées aux hommes et femmes de médias, on verra un engouement, une floraison pour les rédactions à produire des articles, à fouiller la question en faisant des entretiens avec des personnes ressources afin que la société puisse être située et pouvoir faire la part des choses (les pratiques culturelles qui sont acceptables et celles pour lesquelles des questions sont nécessaires dans le sens d’une remise en cause éventuelle ».
Des communicateurs se prononcent à l’issue des 96h de travaux intenses.
Joseph Ouédraogo de la radio Natigmzanga de Yako qui se dit très heureux d’avoir participer à une telle formation( car selon lui, il a beaucoup appris) à expliquer avoir compris que les hommes de média devraient s’impliquer d’avantage dans la lutte contre l’exclusion sociale pour appuyer le projet afin qu’il puisse aider les femmes dans leurs problèmes « les femmes sont exclues dans leur village à cause de sorcellerie ; ce n’est pas du tout facile, les femmes sont nos mères , sont là à tout moment pour nous et nous nous posions la question de savoir ce qu’on pourrait faire pour elles en tant que hommes de médias ».
A la question de savoir s’il croyait à la sorcellerie, Joseph qui était dubitatif, a reconnu qu’elle existait et qu’il fallait faire la différence entre le vrai et le faux pour lutter contre elle (sorcellerie) si toutefois, elle existait.
Farida Bambara communicatrice à la radio Boudri à Zorgo, quant à elle, la sorcellerie est un état d’esprit « Et dire que je crois ou pas, c’est pour dire que cela dépend ; il y’a des moments vous vous retrouvez dans une situation dans laquelle vous êtes obligés de croire à la sorcellerie parce que c’est au vue de vous-même que ça se passe, ce qui fait que vous ne pouvez pas ne pas croire, c’est relatif ».
Cette jeune femme a promis de passer l’information autour d’elle, dans sa communauté afin de lutter efficacement contre ce fléau « il y’a beaucoup de personnes qui y croient, il faut aussi les sensibiliser et aussi les accompagner, faire leur suivi pour qu’ils puissent vraiment croire que la sorcellerie c’est quelque chose qu’il faut apprendre à comprendre et qu’elle peut ne pas exister ».
Elle a en outre souligné qu’elle avait eu beaucoup d’informations sur la connotation de la sorcellerie, les mangeuses d’âmes, tous les préjugés qu’on avait « je pense que cette formation a pu éclairer un peu sur tout ce que je me faisais sur ces femmes ; j’ai pu aussi m’enquérir des causes et des conséquences directes sur ces ex femmes accusées de sorcellerie ».
Edouard Samboué du journal Le Faso.net, contrairement aux autres, ne croit pas à la sorcellerie selon ses dires « Moi, particulièrement je suis un philosophe, je ne crois pas à la sorcellerie, mais au regard de ma foi, il y’a deux choses que je crois, par exemple je sais qu’il y’a le monde invisible, mais je ne vais pas appeler ça la sorcellerie ; quand les gens considèrent que être sorcier, c’est manger l’âme d’autrui ».
Tout en pensant que le phénomène d’exclusion sociale est d’abord un enjeu qui nait de l’ignorance, il a souhaité qu’on puisse expliquer aux gens ce que c’est que l’exclusion sociale et sur quelle base on exclut quelqu’un à cause de la sorcellerie « Les gens doivent aussi savoir ce que c’est que la sorcellerie ; s’il y’a sensibilisation, s’il y’a une forme d’information qui permet de comprendre ces enjeux, je crois que les gens comprendront que ce n’est pas la peine de commencer à chasser les mamans, les vieilles personnes sur les allégations de fait de sorcellerie ».
Pour lui, trois principales choses sont à retenir : « Premièrement, le phénomène de la sorcellerie est un enjeu majeur au regard de l’ampleur ; en deuxième position, les personnes accusées de sorcelleries sont des personnes qui souffrent, et quant à la troisième position, nous devons continuer la sensibilisation pour mobiliser des gens afin de venir à bout à ce phénomène ».
Ce sont Raphaël Zonnaba et Daouda Céssouma qui ont assuré la formation des communicateurs
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