L’’institut féministe africain (IFA) : Trois espaces d’éducation politique et populaire pour l’année 2023.

Il y a quelque chose de magique à se trouver dans le même lieu que des personnes extraordinaires qui, d’une façon ou d’une autre, contribuent à améliorer le monde dans lequel on vit.

Cette année, nous avons imaginé et crée des espaces avec des jeunes filles à peine sorties de l’adolescence, des jeunes femmes, des femmes, des activistes, des organisations de défense des droits des filles et des femmes.

Voici quelques-unes de ces merveilleux espaces que nous avons créés l’année passée.

Avec son programme d’éducation politique et populaire à travers l’IFA, l’IPBF a proposé 3 espaces d’éducation politique et populaire – une session continentale et 2 sessions nationales de l’institut féministe africain créant ainsi la rencontre entre 75 jeunes et filles et jeunes femmes féministes, activistes, leaders d’organisations venant de 17 pays d’Afrique.

L’Institut Féministe Africain est un espace d’éducation populaire permanente, présentiel et/ou virtuel. Il utilise des approches participatives, dynamiques, critiques, productives et transformatrices. L’IFA mobilise les féministes africaines, spécifiquement les jeunes filles et les jeunes femmes.

L’IFA met en œuvre une solide dynamique intergénérationnelle et intersectionnelle, pour un apprentissage mutuel afin d’assurer la continuité du mouvement féministe en Afrique et lui insuffler plus de vitalité.  Il articule les dimensions politiques, pratiques et transformationnelles des militant-e-s et activistes. Il conjugue en un puissant faisceau : les savoirs, les savoir-faire, les savoir être et les savoir-devenir. C’est un processus d’échanges, de capitalisation des connaissances et des expériences durant lequel, les participant-e-s participent à leur propre formation et à celle de leurs pairs, avec le soutien des formatrices et formateurs.

Il s’agit d’une mise en projet des participant-e-s, de leurs organisations et contribue à renforcer, à enrichir le réveil du mouvement féministe qui est en cours dans la sous-région. L’IFA tient une session tous les 2 ans.

En rappel, chaque session de l’IFA connait une session continentale et des session nationales par pays ou groupe de pays.

Pour 2023, l’IFA a connu une session continentale à Lomé au Togo courant le mois de février et deux sessions nationales celle du Burkina Faso et celle du Sénégal qui se sont déroulées respectivement courant le mois d’avril et de mai. Chaque session dure 5 jours pendant lesquels ces féministes venues de différents pays d’Afrique francophone malgré leurs diversités culturelles ont relié les fils, croisés leurs luttes communes afin de tisser ensemble de meilleurs lendemains.

Ces différents espaces d’éducation politique et populaire ont connu la participation de trois illustres facilitatrices à savoir Awa FALL DIOP, Coumba TOURE et Françoise MUKUKU ; de communicatrices externes à savoir Isis Noor YALAGI, Ndeye Adèle GUEYE, Selly BA, Dieynaba DIEME, Oumy NGOME, Ezomboe Flora Marie Gabrielle BAKYONO, Aline Alima SANOU, Wendyam Micheline KABORE, Wendbenedo Elisabeth ZOUNDI, Ezoma Juliette Nathalie BAKYONO, Donat ILBOUDO.

Les thèmes développés au cours de cette formation ont porté sur les oppressions, les mouvements de libération, la recherche féministe, l’écoféminisme, l’agroécologie, la spiritualité, les violences basées sur le genre et le bien-être holistique.

Plusieurs arguments ont milité aux choix de ces différents thème. Concernant les oppressions, il s’agissait de faire un lien entre celles-ci et le féminisme dans la mesure où la mission des féministes, est de constater les injustices et inégalités présentes dans la société (les oppressions), de les analyser puis de les combattre. C’est pourquoi, il est important d’outiller les jeunes filles et femmes sur les formes d’oppression auxquelles les féministes d’Afrique et d’ailleurs s’attaquent. Ceci justifie aussi pourquoi on aborde les luttes de libération puisque les féministes de par leur mission prennent et ont pris part à divers mouvements de luttes contre l’oppression à travers le temps. Il faut aussi noter que c’est du féminisme qu’est né l’éco féminisme, il est apparu nécessaire de parler de ce nouveau courant féministe ainsi que de l’agro écologie, en interrogeant la façon dont les féministes comprennent le monde, le façonnent, luttent et font des choses pour créer le monde de demain où la femme et la nature ne seront plus victimes de la domination masculine. Par ailleurs, l’importance que les féministes accordent à leur bien-être et à la sécurité justifie le choix du thème sur la pratique spirituelle du vodou et la place des droits des femmes dans les religions africaines en particulier et dans les religions en général. De même, les violences basées sur le genre étant une violation des droits des femmes, en parler aux féministes est nécessaire pour accroître la sensibilisation et la lutte. Toutes ces activités ont été accompagnées de sessions de bien-être holistiques (zumba, yoga, tam-tam, danse, massage) et autres (films, open spaces).

Notons que les différentes thématiques de la session continentale pour des sessions nationales sont organisées au gré des nécessités spécifiques identifiées. Un lien réciproque pertinent est construit entre les thématiques de la session continentale et des sessions nationales.

Aussi les participantes à cet institut sont suivies et leurs expériences capitalisées dans leur pays d’activité. Les activités par pays ou par groupes de pays sont partie intégrante du système de suivi-évaluation de l’impact de ce programme. Nous partageons avec vous quelques réalisations.

Témoignage 2 : J’ai eu à organiser une séance de partage d’expérience avec les femmes inspirantes afin de booster les jeunes filles à sortir de leurs zones de confort. J’ai également organisé en collaboration avec les membres de la ligue Tchadienne, des ateliers de formation sur les VBG et le féminisme avec une journée de citoyenneté pour que chaque personne puisse s’engager à mener des actions en faveur des femmes dans sa communauté. J’ai enfin pris part à la première conférence internationale pour la prévention des violences sexuelles en temps de conflits à Londres en tant que jeune femme militante de la société civile.

Témoignage 3 : Après l’IFA, j’ai organisé une campagne intitulée “ZALA YO” une expression en Lingala qui veut dire “Reste-toi”. La campagne a réuni 9 femmes de différents domaines d’activités qui ont à travers une série de vidéos parler de leurs activités, des défis qu’elles rencontrent en tant que femme dans leur milieu et de leur conception du féminisme. Cette campagne avait pour but de libérer la parole des femmes, de les emmener à s’accepter telle qu’elles sont et d’avoir une certaine estime d’elles-mêmes. Cette campagne a-t-elle précisé est la première partie du projet. Du travail se fait pour voir comment élargir cette campagne afin de mobiliser davantage de femmes, car l’idée à long terme c’est impulser le mouvement féministe au niveau du Congo.

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Témoignage 4 : J’ai fait une restitution au niveau national notamment aux organisations qui n’ont pas eu la chance d’être sélectionné par l’IFA. J’ai aussi pris part à d’autres conférences régionales dans le cadre du militantisme LGBTQI et formé des groupes de paroles et des cafés littéraires féministes au Bénin.

Témoignage 5 : Au niveau national, nous avons après l’IFA renforcé les connaissances et les capacités des autres OSC, organisé un dialogue inter générationnel entre les féministes d’hier et celles de la nouvelle génération et formé les femmes des OSC qui sont dans le combat des femmes mais qui n’osent pas se proclamer féministes en partageant avec elles les acquis de l’IFA. Nous avons aussi été conviées par la ministre de la femme qui nous a associé à tout le processus d’organisation du Sommet sur la masculinité positive tenue au Sénégal en novembre 2022.

Témoignage 6 : Après l’IFA, nous avons repris toutes les activités de l’IFA continental au niveau national. Les activités réalisées ont concerné l’organisation des ateliers à l’issue desquels les filles ont assumé et accepté leur statut de féministes. C’était une belle expérience de se retrouver cette fois dans le processus de création de cet espace en tant qu’organisatrice et facilitatrice juniore. Cela nous a aider à mieux nous approprier tout ce que nous avons appris au cours de la session continentale. Un exercice assez difficile mais très riche autant en apprentissage qu’en émotion.

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