Le Séongo : Une pratique qui détruit toute une vie.

Abbé Kiswensida Sawadogo Vicaire à la Paroisse de Téma Bokin
Yacouba Ouédraogo Directeur Régional de la femme de la solidarité nationale de la famille et de l’action humanitaire du Centre Nord
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« Un homme a perdu son enfant et quand on a porté le Séongo, il est venu directement me cogner, je ne suis pas sorcière et comme ce sont des gens qui se sont concertés pour me chasser, on n’y peut rien » Dixit une accusée de sorcellerie de Pilimpikou.

Lors de la caravane de presse organisée par l’ONG «  Voix de Femmes » dans le cadre de l’abandon de l’exclusion sociale dont souffrent des femmes d’un certain âge, les journalistes qui ont sillonné les régions du Nord et du Centre-Nord du 29mars au 3avril 2021, ont pu se rendre compte de l’ampleur de ce fléau.

Au cours des interviews et entretiens avec les acteurs religieux, coutumiers, étatiques administratifs et même avec les victimes, le mot « Séongo » revenait à tout moment.
Ce fameux mot qui est à la base du malheur de plusieurs femmes, n’a laissé aucun journaliste indifférent, ce qui les a poussés à en connaitre d’avantage.
« Il nous arrive de vivre et même d’êtres spectateurs d’un certain nombre de faits souvent assez difficilement supportables parce qu’il suffit de pouvoir faire l’observation de certains faits au niveau des villages, au niveau même de nos familles , vous verrez que par devers une accusation, on arrive à rassembler un certain nombre de pratiques professionnelles , d’où le port du Séongo », a souligné avec tristesse le Directeur Régional de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire de la région du Centre-Nord, Yacouba Ouédraogo.
Le port du Séongo (pratique qui se fait surtout à Pilimpikou à quelques kms de Yako, province du Nord) intervient à la suite d’une accusation, a-t-il poursuivi.
En effet, lorsqu’une personne est accusée par allégation de «  mangeuses d’âmes », on l’invite à boire une certaine mixtion le plus souvent difficilement absorbable. En plus de cette mixtion, on porte le mort ( c’est le mort qui désigne son meurtrier soit en le cognant ou soit en s’arrêtant devant l’accusé en lui fixant du regard pour faire croire à l’Assemblée que c’est ce dernier qui est à la base de son décès) sur un brancard en bois (bois que l’on trouve en brousse qu’on nomme ganka en mooré ou Ebénier d’Afrique en français et encore appelé Diospyro mespiliformis en latin ou scientifiquement), a-t-il ajouté.
L’accusation étant une hypothèse que tout le monde veut confirmer selon ses dires, c’est la majorité qui inflige automatiquement à une minorité ou à un individu cette hypothèse déjà confirmée «  lorsqu’on porte généralement le Séongo, on s’attend déjà à un résultat attendu qui est le plus souvent considéré comme des termes de référence : ici, l’itinéraire est plus ou moins prédéfini et d’aucun le dise que si vous résistez à la démarche culturelle, vous pouvez même mourir, vous pouvez être victime de paralysie mais souvent c’est pour pouvoir faire passer un certain nombre d’informations à même de pouvoir décourager ceux-là qui seront là pour le porter et pouvoir vérifier une hypothèse que automatiquement toute la majorité veut qu’elle se confirme ».
Abbé Roland Kiswensida Sawadogo, Vicaire à la Paroisse de Téma Bokin qui ne maitrise pas le Séongo, a indiqué qu’il fallait être plongé dans cette culture moaga pour connaitre sa signification.
A la question de savoir s’il croit à la sorcellerie et de donner son point de vue en rapport à l’infaillibilité de ces moyens, il est revenu sur le fait que l’homme même étant un être faillible, tous les moyens qu’il utilise le sont « Entoucas moi je ne crois pas à la sorcellerie parce que à ce que je sache, les morts sont morts ».

benedicteoued@gmail.com

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