Journée mondiale des femmes : Des femmes battantes se prononcent par rapport au thème national.

« L’inclusion financière par le numérique pour un développement économique : Défis et perspectives » est le thème retenu par le Burkina Faso.

« Il y’aurait une rencontre de la 1ère Dame à la salle de conférence de Ouaga 2000. Quelles sont les femmes qui seront invitées ? Point d’interrogation. Il faut d’abord que l’on commence à raisonner et à réfléchir de façon populaire, à réfléchir au bien-être de la plus profonde femme rurale jusqu’à la plus grande femme urbaine, parce qu’on ne peut pas réunir des femmes venant des chefs-lieux de provinces. Quelles sont les femmes qui viennent de ces chefs-lieux de provinces, de villages ? est-ce-qu’elles vivent réellement le besoin de la femme rurale ? Non, est-ce que la femme rurale n’a pas alors de Droit ? Bien sûr, mais comment peut-on améliorer les besoins et les Droits de la femme rurale si on réunit uniquement les femmes urbaines, les femmes émancipées de quelques villages ? » Dixit Flore Somda/ Bisyandé juriste, membre de la plateforme leadership, Membre du Vivier d’expertise féminin, engagée pour la lutte anticorruption.

La commémoration du 8mars est-elle réservée à une élite aujourd’hui?

En réponse à cette question, Flore qui se sent très frustrée de voir l’analyse basique que l’on donne à la journée des Droits de la femme, mais pas la journée de la femme qui se transforme de plus en plus à la commémoration pendant qu’il y’ait une journée des mères, une journée des pères, mais une journée des droits de la femme à laquelle on veut la réduire, pense qu’il faille réellement reprendre tout le format, toute la conception du 8 mars, redéfinir l’historique du 8mars , redéfinir les défis du 8mars , redéfinir les objectifs à atteindre «  lorsqu’on fait la pause et voir de 2015 à 2021, on doit se poser ces préoccupations : quels droits les femmes ont acquis de plus , les droits de la femmes détenus, les droits de la jeune fille scolarisée, les droits de la femme en quête d’emploi afin qu’on puisse examiner tous ces défis réels , que l’on puisse réellement mettre en valeur l’inestimable de la femme ».
Celle qui reconnait qu’il y’a des thèmes qui sont généralement très évocateurs, mais très peu perceptibles par la majorité de la gent féminine, s’est posée de multiples questions qui nécessitent des réponses de la part des dirigeants «  comment peut-on aussi bien comprendre pour la femme venant de Itango ou celle de Grom-Gorom, ou celle de Ouahigouya ou de Ouargaye ce que l’on veut dire à travers l’inclusion financière par le numérique pour un développement économique de la femme.
Es-ce-que la femme rurale du Burkina peut être incluse dans le développement à travers le numérique ? Es-ce –que le numérique est utilisé et exploité par toutes les femmes du Burkina, quel est en réalité le projet qui sous-tend un tel thème ».
Pour Flore, le principal problème de la célébration du 8 mars de plus en plus en Afrique, résulte du fait que les thématiques sont développées pour une élite et non pas pour la classe populaire ; raison pour laquelle selon elle, les femmes s’abattent dans le diandioba, parce qu’on leur fait savoir et comprendre que c’est la journée de la femme, que les femmes sont à l’honneur et qu’elles doivent pouvoir jouer le jeu, qu’elles doivent pouvoir s’épanouir et «  pour elles, s’épanouir, c’est pendant une journée de l’année, aller danser comme elles le souhaiteraient, mais depuis qu’elles sont dans un foyer, elles n’arrivent plus à aller par exemple danser ; pour elles, c’est pouvoir se procurer une belle tenue le jour et sortir avec toutes les femmes et se balader dans les rues sans être encombrées de la cuisine, des travaux ménagers et se sentir une femme épanouie et une femme libre ».

Les Gouvernants doivent prendre leurs responsabilités.

« Nous voyons que cette journée a été retenue par les Nations Unies suite à des histoires d’Europe, de Russie et autres… et dans ces pays, on n’attend pas qu’ils fassent sortir des pagnes de 8mars chacun, ils conçoivent cette journée comme étant la journée des Droits de la femme » a expliqué Flore.
Pour elle, c’est déjà une erreur de dire que c’est la journée de la femme ; on devrait plutôt dire que c’est la journée des Droits de la femme «  même la ministre de la femme va dire aujourd’hui que c’est la journée de la femme, mais non, le 8 mars est la journée des Droits de la femme , c’est une journée dans laquelle on doit faire une pause , marquer un arrêt pour voir quels sont les Droits déjà acquis au profit de la femme et quels sont les défis et quels peuvent être les perspectives pour acquérir d’avantage de Droits pour la femme ».
C’est pourquoi elle a invité les Gouvernants à prendre leurs responsabilités afin qu’on change la connotation du 8mars « nos gouvernants doivent prendre leurs responsabilités en expliquant de quoi il s’agit quand on parle de la journée internationale de la femme, Quelle est l’historique de la journée de la femme Pourquoi continuons nous à commémorer la journée de la femme, Es-ce une journée de dandioba ? Es-ce une journée d’uniformes ? ».
Flore qui invite tout un chacun à aller au-delà de l’aspect festif de la commémoration du 8 mars, a interpellé le Gouvernement burkinabé à revoir les Droits généralistes que sont les droits à l’éducation pour tous, à la santé, à l’eau potable afin qu’ils soient réalistes et réalisables aussi bien pour les hommes et pour les femmes, « il y’a eu des années ou on a déclaré zéro mortalité en couches, on voulait bien sauver les femmes et depuis un certain temps, dans la mandature du président Roch, on entend, la gratuité des soins , c’est très bien on peut apprécier, ce sont de bonnes initiatives pour rétablir l’égalité et sauver la vie des femmes qui meurent en couche et autres. Cependant, est-ce-que à ce jour, on peut dire qu’il n’Ya plus de femmes qui meurent en couche ? Es-ce-que à ce jour on peut dire que la femme peut se lever et aller à l’hôpital et recevoir tous les soins ses enfants et elle sans être victime de corruption, de raquettes, n’a-t-elle pas besoin de connaitre quelqu’un avant d’aller à l’hôpital, on a mis par exemple dans la politique nationale que l’accès à l’eau potable sera le cheval de bataille du président, mais es-ce-que aujourd’hui, les femmes ont accès à l’eau potable ? Es-ce-que le fait que les femmes dans certaines communes urbaines ont accès à l’eau potable signifie que toutes les femmes ont accès à de l’eau potable ? » Une équation à plusieurs inconnus qu’on doit résoudre.

Que revêt ce thème ?

Le thème du 8 mars de cette année est pertinent à plus d’un titre a souligné la représentante de l’association Ramziya pour le développement du Sud-Ouest et d’ailleurs membre du Vivier d’expertise féminin pour une gouvernance inclusive, Djénéba Sidibé/ Sangaré.
Pour elle, ce thème tire la sonnette d’alarme pour une sorte de révolution économique de la femme burkinabè, longtemps restée à la traine.
Ce thème offre une occasion aux femmes par le biais des conférences de renforcer leurs acquis sur les produits existants en matière d’inclusion financière en lien avec le numérique «  Nos sœurs pourront faire recours à ces produits tels que my BOA, orange money, mobicash et bien d’autres pour la gestion et la sécurisation de leur finance juste à l’aide de leur téléphone portable faisant ainsi, la promotion de d portemonnaie électronique.Aussi,cela va favoriser le réseautage ainsi que des partenariats; toutes choses qui vont contribuer considérablement à libérer la femme du joug de la pauvreté.
Enfin, cela va impacter positivement la vie des ménages ».

Cependant, la formation des femmes en numérique reste un défi quand on sait qu’une bonne partie de la gent féminine ignore même la manière de se servir de tous ces outils a-t-elle dit tristement «Les femmes ont toujours été les plus touchées par la pauvreté au Burkina Faso. En effet, nous sommes plus de 52 % de la population burkinabè et les hommes ont toujours occupé les rangs les plus méritants en matière de développement social et économique. La plupart des femmes se contentent du petit commerce sans une organisation  ni une quelconque formation ».
Djénéba croit que la célébration du 8mars doit consister pour elles femmes, un moment de rétrospection, « D’où on est parti, quels sont nos besoins réels ? À quels résultats sommes-nous parvenues par rapport aux recommandations du 8 mars précédent? Bref, quel a été l’impact du thème précédent sur le développement socioéconomique de la femme de 2020 à 2021 au Burkina ».

Quant à la présidente du réseau pour la promotion et l’autonomisation de la femme rurale (dont le siège est à Manga), et elle aussi membre du Vivier d’expertise féminin pour une gouvernance inclusive des femmes dans le Sahel, Mamounata Ki/ Ouédraogo « Par rapport au thème du 8mars, c’est un thème à vue d’œil seulement on peut le considérer comme un thème qui n’a aucun sens, qui n’est pas adapté à nos femmes ».
Cependant, après une analyse profonde, on constate que c’est vraiment bien du moment où le numérique permet aux femmes de faire leurs transactions, de se communiquer, de faire des échanges à distance, et pour leur commerce, a-t-elle poursuivi «  Je trouve cela vraiment bien et quand on prend par exemple l’application whatsApp, une commerçante en étant à Manga peut échanger avec une autre résident à Bobo à travers soit des appels, ou messages écrits ou vocaux et c’est très rapide et moins couteux et elles peuvent se comprendre et également, s’il s’agit des dépôts d’argent par orange money ou par mobicash ou par d’autres transactions , c’est devenu facile et c’est sécurisé, ce n’est plus comme avant ».
Grace au numérique, les femmes arrivent à s’en sortir facilement ainsi que les hommes, a-t-elle précisé «  Comme il y’avait trop d’attaques, les femmes étaient obligées de mettre leur argent dans leurs petites poches , dans des sacs ou dans leur soutiens gorges pour aller faire leurs transactions dans d’autres villes ou dans d’autres pays.
Depuis quelques années,  nous arrivons à faire nos transactions en sécurité, on circule en sécurité, de nos jours, personnes ne veut circuler avec de l’argent, il suffit seulement de le déposer dans ton compte, ».

Les défis sont là reconnait Mamounata, surtout l’analphabétisme qui est le 1er défi à relever « lorsqu’on prend la majorité de la femme burkinabé, surtout les femmes en milieu rural, vous voyez que beaucoup sont analphabètes, donc, elles ne maitrisent pas leurs portables, elles n’ont pas de gros portables comme les smartphones. Non seulement certaines n’ont pas les moyens pour s’en procurer, d’autres, c’est par l’ignorance et par le manque de formations ».
L’autre défi à relever, est l’accompagnement des femmes «  il y’a des femmes qui ont des moyens, cependant, elles ne savent pas qu’elles peuvent utiliser facilement le numérique pour leurs transactions et souvent demandent des services à des personnes, ce qui ne se fait pas sans risques. Au lieu d’envoyer une personne qui va se déplacer pour aller faire une transaction quelconque, il suffit seulement d’envoyer des messages lorsque tu as des applications comme les whatsApps »
  Lorsque tout cela sera mis en œuvre, je pense que il n’y aura rien à dire, a-t-elle conclu « J’apprécie le thème qui contribue à la sécurité humaine, à la sécurité de la femme tout en diminuant ses dépenses et le seul défi, c’est de renforcer l’alphabétisation, les accompagner, les aider à manipuler les téléphones afin de leur permettre de communiquer avec les autres à comprendre l’importance du numérique ».

benedicteoued@gmail.com

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