Gestion hygiénique des menstrues : Au secours aux femmes déplacées de Dori.


« Même ce matin (samedi 15 janvier 2022), j’ai vue qu’on a jeté deux serviettes hygiéniques devant ma porte et c’est mon mari, en voulant ouvrir le portail très tôt, qui est tombé dessus et m’a fait appel afin que je puisse venir les chercher pour les mettre dans le WC. La femme qui porte en marchant, peut laisser tomber sa serviette hygiénique par mégarde ou par exprès et au lieu de s’arrêter la prendre et la jeter dans le WC, elle continue son chemin sans se soucier de quoi que ce soit » Dixit la présidente de la coopérative Jamweli (qui signifie  la Paix est bonne en fulfudé), Roukiatou Soh Maiga alias Rouki.

Le Burkina Faso (BF) est en proie aux attaques terroristes depuis 2015.Ces attaques qui endeuillent des familles, occasionnent aussi des déplacements de personnes (le plus souvent obligées d’abandonner et de quitter tout ce qu’elles ont construit toute leur vie à la recherche de meilleur endroit pour se refaire une vie). Certaines villes comme Dori (ville située dans le Sahel à 275kms de Ouagadougou la capitale) qui sont devenues des sites d’accueil, accueillent quotidiennement ces personnes déplacées composées majoritairement de femmes (le plus souvent veuves car ayant perdu leurs époux au cours de ces attaques meurtrières. A Dori, selon Rouki, on dénombre au moins 3000femmes sans compter les filles et les veuves qui viennent surtout du Soum et de l’Oudalan, du Yagha (pas très nombreuses) et de Ponsa.
Ces femmes, une fois intégrées dans les sites, sont immédiatement prises en charge a souligné Rouki et d’ajouter que la dotation des serviettes hygiéniques fait partie des dotations. 
Féminin Actu de passage à Dori, a voulu en savoir d’avantage sur la gestion hygiénique des menstrues de ces femmes, d’où un entretien avec certaines leaders d’associations tenu le samedi 15 janvier 2022.
Pour Fatimata Diallo, secrétaire générale (SG) de l’association « Femmes dynamiques du Sahel), la gestion hygiénique des menstrues des femmes au niveau des femmes déplacées internes (FDI) de Dori est effective puisque plusieurs ONG (organisations non gouvernementales) ont fourni beaucoup d’efforts en les apportant de kits nécessaires (serviettes hygiéniques, des dessous, des pagnes).
Cependant, leur utilisation pose problème du moment que ces femmes n’ont pas l’habitude d’utiliser des serviettes hygiéniques, a-t-elle dit tristement « Des ONG, institutions ou personnes de bonne volonté offrent des kits de serviettes hygiéniques à ces femmes sans au préalable les sensibiliser à comment les utiliser.
On les sensibilise seulement qu’il faut utiliser, mais pas comment les utiliser, à quelle fréquence il faut les utiliser ; ce qui fait que la plupart du temps, ces femmes, bien qu’ayant le kit nécessaire, ne savent vraiment pas comment l’utiliser et certaines femmes, lorsqu’elles sont en période, partent à l’air libre se soulager, les retirent et les jettent dans la nature ».
Un autre problème à ne pas négliger, c’est aussi le manque de toilettes adéquates, a-t-elle poursuivi «  il y’a aussi le manque de toilettes appropriées pour cela.  La plupart des PDI (personnes déplacées internes) n’ont pas de toilettes en tant que tel dans lesquelles on peut jeter ces serviettes .Nous préconisons aux bailleurs de leur doter des serviettes recyclables et réutilisables ».
En tant que membre d’association et pour accompagner ces ONG, nous faisons de la sensibilisation auprès des déplacés a—t-elle mentionné «  nous allons vers elles, nous les écoutons, nous recueillons ensuite leurs doléances et nous essayons de les apporter ce que nous avons et connaissons et des ONG viennent vers nous ».

Plusieurs types de serviettes hygiéniques sont offerts aux FDI.
 Il y’a plusieurs types de serviettes qu’on offre aux femmes déplacées internes (FDI). Les serviettes utilisables une fois et d’autres qu’on peut réutiliser plusieurs fois à condition de les laver a expliqué Rouki  «  OXFAM a offert des serviettes réutilisables ; ça c’est bon. Cependant, pour ce qui concerne les serviettes jetables à usage unique, elles ne maitrisent pas leur utilisation et elles ignorent que quand tu l’utilises, il faut la jeter directement au WC une fois qu’on l’enlève. Elles ne ciblent pas des endroits pour les jeter et le problème, ce sont des personnes qui n’aiment pas le WC : même pour aller aux selles, elles préfèrent déféquer à l’air libre et c’est très très récurrent ici ».
Tout comme Fatimata, Rouki a insisté sur l’utilisation de ces serviettes dont beaucoup ignorent « Une fois que ces femmes sont dotées de kits de serviettes hygiéniques, elles ne savent pas comment l’utiliser et comment les tenir ; c’est ce qui est un problème pour elles et pour nous. Donc, on a demandé aux bonnes volontés, aux associations qui peuvent faire de la sensibilisation, de ne pas hésiter. Nous invitons les bonnes volontés, surtout des femmes qui connaissent l’utilisation de ces serviettes, à venir les sensibiliser afin qu’elles sachent que ce sont des serviettes qu’on doit mettre soit dans un WC après utilisation, soit laver et déposer pour les prochaines menstrues si ce sont des serviettes réutilisables ».
Le fait de jeter les serviettes hygiéniques à l’air libre a un impact négatif aussi bien sur l’homme que sur l’environnement.
Les serviettes hygiéniques mal utilisées sont sources de maladies et sont à recadrer a souligné tristement Rouki « Une fois jetées en cours de route, à l’air libre ou dans la nature, les serviettes hygiéniques constituent un autre problème à ne pas négliger : Ces serviettes peuvent être transportées par le vent ou la pluie et peuvent se retrouver dans les points d’eau ou la poussière peut se retrouver dans nos repas. Il faut noter aussi qu’il y’a des serviettes non dégradables ».

Les associations féminines qui suivent les FDI rencontrent des difficultés dans le cadre de leur travail.

« Ce que nous faisons, n’est pas suffisant parce que   nous n’avons pas de financement et nous ne pouvons pas ne pas leur venir en aide du moment que nous vivons avec ces FDI.
Nous les sensibilisons comme nous pouvons, mais ce n’est pas suffisant.
Nous pensons qu’Il faut les former en les répartissant par groupes, ce qui nous permettra de les sensibiliser toutes à travers chaque groupes créés » a lâché Rouki.

La formation doit être articulée autour de l’utilisation de ces serviettes, a-t-elle poursuivi «  les former à l’utilisation des serviettes, comment les laver et comment les entretenir après les menstrues (pour les serviettes réutilisables), c’est une formation dont elles ont besoin puisque ce sont des femmes qui ignorent leur utilisation ».

Au début, les femmes refusaient les dotations en kits de serviettes hygiéniques.
« Les 1ères femmes à qui on avait donné des slips sont revenues me les remettre, soit disant que c’est une injure de leur part. Pour elles, en tant que PDI, c’est la prise en charge alimentaire qui les intéresse et non les serviettes car elles n’ont pas de problème de slip ; c’est comme si on ne s’intéressait pas à leur situation et beaucoup pensaient que c’étaient des moqueries de la part des bonnes volontés ».
Les toutes 1ères femmes qui ont jeté les kits hygiéniques sont les Gaobés , des Peulhs qui ont quitté de loin pour venir à Dori, a-t-elle conclu « le 1er jour que OXFAM leur a offert ces serviettes, plus de dix femmes m’on ramené leurs slips pour me dire que ce ne sont pas des slips dont elles ont besoin , que si on ne peut pas leur donner de la nourriture, on les laisse tranquille ; il fallait qu’on reparte voir le projet afin qu’il trouve des femmes pour faire des sensibilisations pour qu’elles puissent enfin accepter de rentrer en possession de leur don .
D’autres préféraient les garder dans leurs maisons ; beaucoup de femmes n’utilisent pas de slip, elles préfèrent marcher sans slips, c’est pourquoi il faut des sensibilisations, des formations afin qu’elles comprennent le bien-fondé de ces serviettes surtout que beaucoup d’entre elles n’ont jamais utilisé de serviettes hygiéniques ».
Les menstruations selon Wikipédia, sont l’écoulement d’un fluide biologique Complexe composé de sang, de sécrétions vaginales et de cellules endométriales de la paroi utérine.
Les règles par définition, c’est l’écoulement de sang qui apparaît une fois par mois chez la femme.
On parle scientifiquement de menstruations, car elles font partie du cycle menstruel qui prépare le corps à une éventuelle grossesse ( www.qare.fr).

benedicteoued@gmail.com

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