Féminisme au Burkina Faso : Qu’en est-il au pays des Hommes intègres !

« Aujourd’hui, le féminisme radical est le plus dominant, c’est celui qui comporte le mouvement homosexuel en l’occurrence. En parlant de féminisme, nous ne voulons pas qu’il y’ait amalgame ; nous aurions souhaité qu’il y’ai un débat ouvert pour pouvoir savoir ce que chaque partenaire met dans son approche féministe » Dixit Nestorine Sangaré, Directrice du CRIGED.

«  Les différents moments de l’histoire du féminisme » est le thème retenu par le Centre de Recherche et d’Intervention en Genre et Développement (CRIGED) au cours d’une conférence –débat sur le mouvement féministe au Burkina Faso tenue le jeudi 08 avril 2021.
Animée par Docteur Nestorine Sangaré du CRIGED, Assétou Sawadogo/Kaboré du secrétariat permanent du conseil national pour la promotion du genre (SP/CONAP/ GENRE) et par Julie Ouédraogo, magistrat et conseiller à la Cour d’Appel de Ouagadougou, la conférence a permis de savoir que nous assistons depuis cinq ans à un renouveau du féminisme. Le féminisme radical étant le plus dominant, Nestorine a invité les bailleurs de fonds, les partenaires bilatéraux à s’exprimer clairement par rapport à leur entendement sur la notion de féminisme «  Les partenaires bilatéraux et les bailleurs de fonds disent qu’ils appliquent une politique féministe de coopération. Nous aimerions qu’ils soient plus explicites sur cette question de féminisme et qu’ils sachent que nous n’adhérerons pas au féminisme dit radical. Nous nous sommes engagées pour la promotion des droits des femmes , la lutte contre les violences faites aux femmes, la promotion , la participation politique et l’autonomisation économique des femmes, choses auxquelles nous nous reconnaissons et dans lesquelles nous sommes engagées depuis des années ».
Assétou Sawadogo/Kaboré, secrétaire permanent du conseil national pour la promotion du genre (SP/ CONAP GENRE) dans sa présentation, a essayé d’établir une certaine corrélation entre le féminisme et le genre au Burkina Faso.
Pour elle, la politique nationale genre adoptée par le Burkina Faso depuis juillet 2009, a été évaluée. Et comme les mouvements féministes n’étant pas nés au pays des hommes intègres (lancés au niveau mondial depuis le 19ème siècle) , en plus, le Burkina n’étant pas en autarcie, des stratégies et des méthodes (de mise en place par ces groupements féministes) ont été implémentées et internalisés dans les textes et conventions burkinabés « c’est dire qu’il y’a vraiment une complémentarité entre le féminisme et le genre parce que le genre est un ensemble plus vaste.  Quand on parle de féminisme, on voit l’amélioration des conditions de vie des femmes et les acteurs de cette lutte ne sont pas seulement que des femmes. Il y’a des hommes et lorsqu’ on parle de genre, on voit vraiment le focus qui est mis pour la réduction des inégalités pour une société plus juste et équitable.
Le genre est un ensemble très vaste qui englobe le féminisme ».
Quant à Julie Ouédraogo, magistrat et conseiller à la cour d’appel, le féminisme est un mouvement qui n’est pas une entité homogène, c’est un mouvement qui renferme plusieurs courants de pensée. Parlant des différents courants de pensée de ce mouvement féministe, elle a fait ressortir deux courants que sont le féminisme modéré et celui radical.
Les Africains se retrouvant plus au niveau modéré s’apparentant aux discriminations faites aux femmes, aux violences à l’égard des femmes, à la problématique de l’autonomisation économique des femmes, elle a souligné en outre que le féminisme modéré était différent de celui dit radical qui remet en cause le rôle reproductif de la femme «  la problématique de la situation de la femme se trouve à ce niveau et il faut compter sur l’évolution technologique pour permettre à la femme de se libérer de ce rôle reproductif qu’on pense être une oppression pour la femme et la question que nous nous posons, c’est de savoir où nous devons nous situer et si nous pouvons nous particulariser au sein de ce mouvement, de quelle manière le ferons-nous ».
Et de conclure que l’objectif final consistait à assoir la lutte pour la promotion des droits des femmes, bien assoir la lutte contre les violences à l’égard des femmes «  parce que si on arrive à se comprendre sur ce concept à polémiques, peut-être on aura à mieux assoir notre lutte ».

Le concept du féminisme par Nestorine Sangaré
Le féminisme est une idéologie née ailleurs au 19ème siècle et a été reprise par le Burkina Faso.
Le terme féminisme et le mouvement qui l’accompagne, est fondé sur la conviction que la situation des femmes dans la société doit être changée.

Cette rencontre rentre dans le cadre de la commémoration en différé de la journée internationale de la femme.
Il y’a eu plusieurs vagues du féminisme.
La 1ère vague est intervenue au 19ème siècle dans laquelle les femmes réclamaient le droit de vote et de cette lutte en 1928, les Anglaises ont été les 1ères à obtenir le droit de vote, et les Françaises en avril 1944. Et cette 1ère vague se focalisera sur les droits politiques, l’adoption de plusieurs lois juridiques en faveur des droits des femmes.
La 2ème vague du féminisme est venue des Etats Unis et cette nouvelle vague a pris rapidement une dimension internationale parce que née dans les années 1970 et c’est à cette période qu’il ya eu la 1ère décennie de la femme (1975-1985), et lors de cette rencontre internationale, les idées féministes ont fait l’objet d’échanges pendant les rencontres et rapidement le féminisme qui était focalisé en Europe, a connu un mouvement international ,
Il y’a eu une 3ème vague qui est née au milieu des années 1980 et cette vague se caractérise par la réappropriation féministe par une nouvelle génération mettant plus l’accès sur la représentation des femmes dans les médias et la 4ème vague née autour des années 2010 et associée à l’utilisation des médias sociaux et tourne autour de la culture du viol.
Son émergence est née suite à la conférence internationale de Beijing en 1995 et cette conférence a insisté sur le faible taux des femmes dans les médias et surtout le fait que les médias véhiculent des stéréotypes sexistes qui sont en défaveur des droits des femmes.

Le présidium
Les participants
Les participants

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