Exposition-vernissage << On ne développe pas, on se développe ! >> : les tableaux de Muindila explorent les caractéristiques du développement endogène.

Sous la bénédiction du Bureau burkinabé des droits d’auteurs (BBDA), l’espace Napambeogo sise au quartier Gounghin abrite du 29 novembre au 13 décembre 2025, l »exposition-vernissage de l’artiste peintre, Muindila M’Bombo Tshibangu placée sous le thème : << on ne développe pas, on se développe >>. L’objectif de cette peinture de Muindila consiste à éveiller les consciences sur le développement endogène.

Tout développement est un art. Et, comme l’art, il se vit avec un mélange d’autosuffisance et de raison. L’un des moyens pour y parvenir est de s’offrir un tableau de l’artiste plasticienne, Muindila Tshibangu avec le concept : << on ne développe pas, on se développe >>.

Le commissaire d’exposition, Moïse Ouédraogo, sans peine, a expliqué que dans cette exposition, les œuvres présentées explorent une dynamique intérieure. À l’écouter, celles-ci ne montrent pas un développement mesurable, linéaire, vertical, mais un mouvement organique, circulaire, parfois fragmenté, fait de retours, de brisures, de dépassements. Le cri de cœur, au-delà de la pure maxime africaine, << On ne développe pas, on se développe >>, renverse le regard habituellement porté sur l’idée d’un progrès. Et de penser que ce concept emprunté à Joseph Ki-Zerbo, se substitue à un refus de la logique selon laquelle le développement serait un objectif que l’on impose, une direction à suivre, une norme extérieure à atteindre. De toutes les façons, a insisté Moïse Ouédraogo, ce chef-d’œuvre replace au centre la capacité des individus et des communautés à être maître de leur destin. Cette pensée dont parle la  peintre Muindila, a un écho favorable au discours politique progressiste du Burkina Faso actuel. Puisque, a-t-il argué, Joseph Ki-Zerbo insistait plus sur l’idée que toute transformation durable ne peut naître que de l’intérieur, de l’histoire, de la mémoire et de l’énergie créatrice des peuples. Comparativement à la pensée de Léopold Sédar Senghor qui estime que la culture est « au début et à la fin du développement », l’artiste Muindila ne cherche pas à illustrer une transition imposée. Le langage qu’elle parle à travers sa peinture est un appel à matérialiser une mutation. Mieux, son approche artistique décrit le processus par lequel un sujet, un corps, un territoire ou une mémoire se transforme par sa propre force bref, elle peint une sorte de développement personnel africain. En cela, la démarche artistique de la jeune dame embrasse la pensée de Frantz Fanon, pour qui la décolonisation est avant tout une réinvention de soi, un processus par lequel l’individu se produit à nouveau. Muindila convoque un dialogue avec Achille M’bembe, en faisant une analyse de l’Afrique contemporaine comme étant un espace de « devenir », et non comme une réalité figée qui est en retard. Par ailleurs, peut-on décrire par l’oeil du visiteur que les formes, les matières et les gestes utilisés dans les œuvres sont des métaphores d’un  processus d’auto-émergence.  << Les textures brutes résonnent comme des strates d’expériences. Les couleurs ont sens vibratoire qui est une incarnation de la vitalité des identités en mouvement >>, a insisté Moïse Ouédraogo. Au regard, les tableaux du Muindila se loge dans un processus d’affirmation avec à  la clé une  création qui convoque mémoire, écits, blessures et élans. Ses pinceaux qui glissent sur la toile, produisent un langage autonome d’un sujet qui ne << se développe >> qui se déploie selon sa propre nécessité intérieure. Selon elle, plus cette exposition s’inscrit dans les grandes lignes des réflexions actuelles, plus la soif amer de l’autonomie culturelle,  de l’auto-définition et les politiques de la dignité s’affilient aux pensées de Ngũgĩ wa Thiong’o, Souleymane Bachir Diagne, ou encore aux travaux de Felwine Sarr.  Au fond, cette exposition devient une clé de lecture à la fois esthétique et politique. Elle sert à retracer l’idée que le progrès doit venir des Africains eux-mêmes, en utilisant leurs propres ressources, cultures et idées.

Achille ZIGANI

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