Droits des travailleuses domestiques au Burkina Faso : L’association ADDAD donne de la voix.

« Le constat que nous avons fait au cours de notre étude est que malgré l’existence d’un arsenal juridique, le secteur des travailleuses domestiques a des limites. Il y’a certes le décret de 2010 qui implique les conditions de vie de ces travailleuses domestiques. Cependant, ces travailleuses domestiques ignorent les autres droits liés à la syndicalisation par exemple et d’autres aspects qui ne sont pas intégrés dans le décret.
Ce que nous voulons en réalité, c’est de prendre en compte l’ensemble de ces limites parce que ce n’est pas seulement le Burkina Faso (BF) qui est concerné puisqu’au Sénégal nous avons un Arrêt qui date depuis 1978.Nous souhaitons une révision de ces textes afin de contourner l’ensemble de ces limites, mais également que ces textes soient appliqués (l’application de ces textes fait défaut).
Nous sommes aujourd’hui mobilisés en comité afin d’assurer le plaidoyer et le rôle du CRADESC (centre de recherche et d’action sur les droits économiques sociaux et culturels), c’est de fournir des données probantes qui aideront à la prise de décisions politiques et cela se passera à travers ce comité que nous avons mis en place( à l’issu de ces trois jours) qui sera basé sur des évidences probantes ; il sera assez fourni » Dixit la responsable des programmes au niveau du CRADESC Docteur Oumy Ndiaye .

Aide-ménagère à neuf ans et pendant sept ans (depuis son arrivée à Ouagadougou, la capitale), Sakinatou Ouédraogo, au cours d’un déjeuner de presse avec les femmes et hommes de médias qui s’est tenu le mercredi 14 septembre 2022, a dépeint les conditions dans lesquelles vivent les aides ménagères et domestiques au BF « Aujourd’hui, on peut dire que les aides ménagères n’ont plus d’identité puisque ‘elles ne sont pas considérées comme les autres filles et n’ont pas les mêmes valeurs qu’elles.
Nous ne pouvons pas nous habiller comme les autres enfants et pourtant nous sommes aussi enfants comme tout autre enfant et nous n’avons pas des heures de repos et nos salaires sont dérisoires.
En 2012, nous avons vu des aides ménagères qui touchaient entre 7500Fcfa à10000Fcfa et nous sommes de nos jours à 15000Fcfa grâce à ADDAD. Cependant, nous enregistrons des arriérés de salaire, des cas de violations (c’est-à-dire les violences sexuelles, physiques et sans compter les personnes qui à tout moment nous pointent du doigt en nous dénigrant, nous sommes mises de côté).
Sakinatou qui a profité de l’occasion qui lui était offerte, a remercié tous les syndicats présents lors de leur vote hier, guise de leur engagement pour leur cause « parce que nous savons qu’ensemble, nous pouvons faire bouger les lignes et nous pouvons faire ratifier la Convention 189 de L’OIT (organisation internationale du travail) qui est l’objectif général de ce comité.
Après l’adoption de cette Convention, nous allons la vulgariser vue que tous les syndicats, le ministère , les différentes associations ont mis dans leur agenda qu’il faut le bien-être des aides ménagères ; cette convention sera divulguée dans les différentes localités du BF et même à l’extérieur afin que ces lois puissent être attendues et appliquées.il y’a bien-sûr des lois qui ont été votées en faveur de l’enfant , en faveur des gens de maison comme le dit notre code du BF ,cependant, elle n’est pas appliquée.
Le SMIG au Burkina est de 33190Fcfa, mais aucune aide-ménagère n’est payée à ce prix sauf celles qui travaillent chez les expatriés et comme nous ne savons pas pourquoi c’est ainsi, nous voulons un réel changement à ce niveau ».
En tant que membres d’un Cadre affilié à un centre de recherche économique, pour Dr Oumy en guise de conclusion, il était nécessaire de mener une étude au niveau sous régional, une étude qui a réuni neuf pays d’Afrique de l’Ouest (le BF intègre cette étude, raison pour laquelle nous sommes là pendant trois jours) afin de faire la dissémination des résultats de l’étude en collaboration avec l’ensemble des acteurs, des partenaires impliqués dans le processus.
Ce déjeuner de presse avait pour objectif d’informer aux femmes et hommes de médias de la mise en place du comité AD’HOC (composé de ADDAD, de IPBF, de l’AFJ/BF), de l’ONG Voix des femmes, du SPONG, de l’association des femmes journalistes et communicatrices pour la citoyenneté au BF) qui travailleront à la mise en place d’un secrétariat permanent) du cadre de concertation pour la protection et la promotion des droits des travailleurs/ses domestiques. Ce comité a vu le jour au cours d’un atelier de partage des résultats de l’étude sur les droits économiques, sociaux et culturels des travailleuses domestiques en Afrique francophone : cas du BF.
Et cet atelier a été possible grâce au CRADESC et la fondation pour une société juste (FJS) en collaboration avec l’association des femmes juristes du BF (AFJ/BF) et ADDAD qui mettent en œuvre la phase II du projet sur la documentation des violations des droits économiques, sociaux et culturels (DESC) des travailleuses domestiques au BF.

benedicteoued@gmail.com

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