« Situation des femmes défenseurs des droits de l’homme et des défenseurs des droits humains de l’Afrique de l’Ouest » est le titre de l’étude menée par la coordonnatrice nationale de la coalition burkinabé des défenseurs des droits humains( CBDDH) Florence Ouattara, dont le lancement a eu lieu au sein de la CbDDH le vendredi 24 septembre 2021 à Ouagadougou.
L’objectif de cette étude consiste à faire un diagnostic puisque c’est la question du genre qui est soulevée ici a expliqué Florence « Ce sont les femmes et les défenseurs des droits humains dits vulnérables qui traitent des questions spécifiques et sensibles et qui dit sensible dit votre engagement : d’abord il y’a les pesanteurs socio-culturelles, le contexte sécuritaire avec des lois ; il y’a également des mesures restrictives et libertés. Vous savez qu’avec les comités par ci, l’état d’urgence par-là, les défenseurs des droits humains sont aussi limités dans leurs mouvements et également dans leurs opinions.
Les journalistes font partie des défenseurs des droits humains en matière de liberté d’expression et donc beaucoup de journalistes peinent à s’exprimer librement ».
« Tout le monde doit s’approprier l’étude » Dixit Florence.
Florence a souhaité de tout cœur que tout un chacun puisse d’abord s’approprier le document (depuis la mutuelle sous-régionale c’est-à-dire les pays de la CEDEAO plus la Mauritanie) et ensuite le vulgariser « Il va falloir d’abord que les femmes s’approprient le document et ensuite œuvrer à le vulgariser parce qu’il y’a des recommandations fortes qui ont été faites : si vous prenez le document, vous allez voir qu’il y’a beaucoup de recommandations qui ont été faites à l’endroit des autorités nationales , à l’endroit des rapports spéciaux de la commission africaine des droits de l’homme, et même au niveau international si bien que tous les acteurs sont interpellés et nous-même les défenseurs des droits humains nous devons joué notre partition afin que les questions et interrogations qui ont été soulevées et qui sont ressorties dans cette étude puissent avoir des réponses positives à court, moyen et long terme ».
La loi 061 et celle 039 ont été abordées au cours du lancement de l’étude.
La loi 061 sous le CNT (conseil national de transition) est la loi de prévention , de répression, de réparation et de prise en charge des violences à l’égard des femmes et des filles du Burkina Faso (BF) a souligné Florence « et j’ai dit tantôt au ministère de la justice chargé des droits humains, que cette loi peine à être effective parce que tous les jours que Dieu fait, des femmes subissent de graves violations de leurs droits que ce soit en ville ou en campagne et pour une loi qui a bientôt six ans , on continu d’avoir l’exclusion au niveau des femmes, on continu d’avoir des MGF (mutilations génitales féminines), on continu d’avoir la discrimination , les stigmatisations .
C’est vrai que beaucoup de choses ont été faites, mais il reste encore beaucoup à faire ».
En ce qui concerne cette loi, des actions sont entreprises au niveau du ministère de la femme pour sa vulgarisation a indiqué Sarah Barro au ministère de la femme à la direction générale de la femme et du genre.
Et pour appuyer ses propos, Sarah a parlé de l’existence d’un centre de prise en charge des violences basées sur le genre (VBG) qui est à Baskuy et qui est fonctionnel depuis des années et un second qui est ouvert à Bobo Dioulasso pour la prise en charge des violences.
Elle a en outre ajouté qu’un numéro vert, anonyme et confidentiel (8001287)a été mis à la disposition de la population pour la dénonciation des cas de violence basées sur le genre « que ce soit des violences commises à l’endroit des femmes, filles et même des hommes , le centre accueille tout le monde et fait également la prise en charge de ces personnes ».
Et parlant de VBG (qui n’ont pas été explicitement évoquées dans l’étude selon les dires de Florence),il faut prendre en compte tout ce qui peut constituer une violation( qu’elle soit morale, psychologique, matérielle , économique, que ce soit individuelle ou collective, que les victimes soient engagées ou pas, toute violence portée sur une personne de catégorie vulnérable), a-t-elle dit « je veux parler de femmes, de personnes vivant avec un handicap , de veuves, de jeunes, de déplacés internes. Toutes ces catégories sont vulnérables et donc les violences basées sur le genre sont des violences qui risquent d’impacter leur vie quotidienne et nous devons donc les documenter et cette documentation ne peut aller de l’avant que si les femmes défenseurs elles-mêmes s’approprient les méthodes, les outils et les instruments ».
La loi 039 quant à elle, est la loi portant protection des défenseurs des droits humains au Burkina Faso, a-t-elle poursuivi « Cette loi a été adoptée le 27juin 2017 par la représentation nationale pour protéger les défenseurs des droits humains. Ce que nous demandons au ministère de la femme ou celui de la justice chargé des droits humains, c’est de nous aider à intégrer des dispositions particulières pour la protection spécifique des femmes défenseurs des droits humains au BF. Cette question reste toujours dans les plaidoyers pour qu’un jour on ait la relecture de cette loi à l’image de la Cote d’Ivoire qui a l’article 9 dans sa loi qui protège de façon spécifique les femmes défenseurs des droits humains ».
Florence a lancé un appel.
Florence a d’abord lancé un appel à l’endroit des bénéficiaires même des lois qui sont les défenseurs des droits humains « on ne lit pas assez, on ne s’approprie pas les instruments, la constitution même au niveau national constituant un départ pour tout : combien d’entre nous lisent la constitution ? Au-delà de la constitution, combien s’approprient ne ce reste que la politique nationale genre (PNG) ? Combien ont cherché à lire la loi 061 ou celle 039 ? Comment allez-vous lutter si vous ne connaissez pas les moyens et les outils de lutte ?
Si vous ne vous appropriez pas de tous ces instruments nationaux, ce n’est pas au niveau international que vous allez aller prendre la déclaration universelle des droits de l’homme ou le pacte international sur les droits civiques et politiques, encore moins le droit international sur les droits sociaux et économiques et politiques : vous n’allez pas aller soumettre vos problèmes à la charte africaine des droits de l’homme, il faut d’abord commencer par votre pays : vous vous appropriez les lois de votre pays , ensuite progressivement vous vous appropriez les autres instruments régionaux , sous régionaux et internationaux ».
Des représentants des ministères invités se prononcent.
Sarah a félicité Florence tupour les efforts fournis et pour le travail abattu. Elle a en outre rassuré les participants puisque selon elle, son ministère (celui de la femme) essaie de faire de son mieux pour tout ce qui concerne les causes et les droits de la femme. Sarah qui n’ignore pas qu’il y’a également des organisations qui font le travail, les a exhorté à capitaliser leurs actions qui sont menées en faveur de la femme « et je pense que chaque fois nous ne manquons pas de le relever qu’on puisse réunir nos efforts pour atteindre vraiment les résultats ».
Elle a promis de rendre compte à sa hiérarchie par rapport à l’interpellation et au plaidoyer de la CNDDH tout en lui demandant de prendre des dispositions pour la vulgarisation de la loi, la mise en œuvre des répressions des cas de violence « je pense que le ministère est déjà dans la lancée et je crois qu’il y’aura encore des efforts qui seront fournis dans ce sens ».
Et pour une bonne collaboration, elle a souhaité qu’un partenariat soit créé entre son ministère et la CNDDH afin de permettre à son ministère de mieux connaitre la CNDDH « puisque si le ministère n’est pas au courant de l’existence de la structure, c’est difficile qu’il puisse travailler avec elle. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à ce qu’il y’ai un partenariat afin que nous puissions mieux travailler ensemble et capitaliser les actions ».
Pour l’agent au ministère des affaires étrangères particulièrement à la direction générale des affaires juridiques et consulaires, Flora Héma /Ouattara m de« Je pense que c’est une très belle initiative d’avoir associer notre ministère puisque je me rends compte qu’au départ le ministère n’était pas convié et je les invite à toucher le ministère pour faciliter certaines démarches.
« La coalition fait beaucoup de choses », reconnait-elle et en ce sens le ministère peut appuyer.
Tout comme Sarah,Flora a promis de faire un rapport et suggestions qui sera soumis à l’autorité (en ce qui concerne les plaidoyers)afin qu’il (ministère) puisse appuyer les activités.
Cette rencontre a connu la présence des agents représentant les ministères de la femme, des affaires étrangères et de celui de la justice chargé des droits humains.
La rencontre a été possible grâce au soutien financier de la Fondation FJS, partenaire de la CBDDH.
benedicteoued@gmail.com