Atteinte aux Droits Humains au Mali: Le Haut -Commissariat des Droits de l’Homme s’inquiète.

« Un rapport d’une mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a conclu qu’il y a de fortes indications que plus de 500 personnes auraient été tuées – la grande majorité sommairement exécutées – par les troupes maliennes et du personnel militaire étranger au cours d’une opération militaire de cinq jours dans le village de Moura, au centre du Mali, en mars 2022 », a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani.

« Ces conclusions sont extrêmement inquiétantes. Les exécutions sommaires, les viols et la torture pendant les conflits armés constituent des crimes de guerre et pourraient, selon les circonstances, constituer des crimes contre l’humanité», a affirmé Ravina Shamdasani.

« Le rapport est le résultat d’une vaste mission d’établissement des faits sur les droits de l’homme menée pendant plusieurs mois par le personnel de l’ONU au Mali. Les autorités maliennes ont refusé les demandes d’accès au village de Moura. La mission d’établissement des faits est basée sur des entretiens avec des victimes et des témoins, ainsi que sur des sources d’informations médico-légales et autres, telles que l’imagerie satellitaire », a dit la porte-parole.

Le rapport détaille jour après jour le déroulement des événements à Moura.  L’opération – décrite par les autorités comme une opération militaire antiterroriste contre un groupe affilié à Al-Qaïda connu sous le nom de Katiba Macina – a débuté le 27 mars 2022, jour de marché hebdomadaire très fréquenté à Moura.

« L’opération a débuté le 27 mars 2022, jour de marché hebdomadaire très fréquenté à Moura. Selon des témoins, un hélicoptère militaire a survolé le village en ouvrant le feu sur la population, tandis que quatre autres hélicoptères ont atterri et que des troupes ont débarqué. Les soldats ont encerclé les gens dans le centre du village, tirant au hasard sur ceux qui tentaient de s’échapper », a déclaré la porte-parole.

« Des témoins ont rapporté avoir vu des hommes blancs armés parlant une langue inconnue opérer aux côtés des forces maliennes et paraissant parfois superviser les opérations », a dit la porte-parole.

« Certains militants de la Katiba Macina présents dans la foule ont riposté aux tirs des troupes. Des civils et de membres présumés de la Katiba Macina ont été tués », a affirmé Ravina Shamdasani.

Puis, au cours des quatre jours suivants, au moins 500 personnes auraient été sommairement exécutées, selon le rapport. L’équipe de la mission d’établissement des faits a obtenu de nombreuses données d’identification personnelle, y compris les noms d’au moins 238 de ces victimes.

Le jour suivant l’assaut, les soldats ont commencé à aller de maison en maison à la recherche de « terroristes présumés », apparemment sélectionnant et exécutant sommairement les personnes portant une longue barbe, celles qui portaient un pantalon n’arrivant pas à la cheville, ou qui avaient des marques sur les épaules interprétées comme le signe qu’elles portaient habituellement des armes, et les personnes qui montraient simplement des signes de peur.

« Au moins 58 femmes et filles ont été violées ou soumises à d’autres formes de violence sexuelle. Dans un cas choquant, des soldats auraient apporté des couchettes d’une maison, les auraient placées sous des arbres dans le jardin, puis auraient violé à tour de rôle les femmes qu’ils avaient forcées à s’y installer. Nous avons aussi documenté des actes de torture », a déclaré la porte-parole.

Des témoins ont indiqué à l’équipe de la mission d’établissement des faits qu’un groupe d’hommes rassemblés au sud-est du village avait été emmené par des soldats, puis abattu d’une balle dans la tête, le dos ou la poitrine, et que leurs corps avaient été jetés dans une fosse. Ils ont rapporté que ceux qui ont résisté ou tenté de fuir ont également été exécutés par les forces armées maliennes et les « hommes blancs armés » et jetés dans la fosse.

« Les autorités maliennes ont annoncé l’ouverture d’une enquête peu après l’attaque, mais plus d’un an après et dans l’attente des conclusions finales de l’enquête, elles continuent de nier tout acte répréhensible de la part de leurs forces armées », a affirmé Ravina Shamdasani.

« Le Haut-Commissaire Volker Türk a souligné que les enquêtes sur des rapports aussi graves de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire doivent être menées de manière indépendante, impartiale et transparente, afin que les responsables rendent compte de leurs actes », a déclaré la porte-parole.

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