À la découverte d’une Femme battante/   Adissatou Cheick Ould Mohamed : Malgré les hostilités de la vie, a pu s’imposer dans la vie.

Contrainte d’abandonner les cours à l’école primaire parce que mariée forcement sans son consentement, recrutée en tant qu’animatrice à l’âge de 17ans (après l’échec de son 1er mariage), remariée en 1980 à un autre homme qui l’a inscrite dans une école professionnelle, elle a pu se former trois ans en secrétariat de bureau et sortie avec son Cap secrétariat.

 Femme rigoureuse et aimant ce qu’elle fait, Adissatou Cheick Ould Mohamed s’est vue refusée (selon ses dires) un poste de secrétaire après un stage trouvé par son nouveau mari « Après la formation, mon mari et moi sommes repartis à Dori  et de Dori, il m’a trouvé un stage (après le stage, on a voulu m’employer et lorsqu’on a demandé l’avis de mon mari, il a refusé et a fait savoir à mon employeur qu’il aimerait que je ne  sois  jamais employée  .Le responsable du service m’a félicité pour le travail que je fais , mais m’a fait savoir que c’est mon mari qui leur a dit de ne jamais m’employer et comme il ne veut pas être à la base de nos disputes, il a  préféré me libérer à temps ».

Suite au refus catégorique de son mari lui permettant de travailler, et comme elle tenait coûte que coûte à être indépendante, Adissa fut obligée une seconde fois d’abandonner son bien aimé en déposant ses papiers au service de l’environnement (à Gorom-Gorom) et heureusement, elle fut acceptée comme secrétaire bénévole.

N’étant plus retournée chez son mari (qui habite dans la capitale Ouagadougou), elle fut sommée de venir récupérer ses bagages puisqu’elle est divorcée et elle s’exécuta sans se faire prier.

De retour à Gorom-Gorom, elle fut admise à un test organisé par la mairie de Gorom-Gorom, et devient la première secrétaire de la mairie de Gorom-Gorom (de 1987 à 1989).

Deux années passées à la mairie, en 1989, elle rencontra une ONG (organisation non gouvernementale) qui s’occupe des questions paysannes (en ce temps, c’était le ministère de la question paysanne). Elle fut admise à leur test pour la PCR de Djomga à Ouagadougou de 1989à 1994   et en 1994, son contrat est fini ; ce qui l’a contraint à retourner à Gorom-Gorom. De Gorom, elle rejoignit Dori où elle faisait du bénévolat chez les prêtes (elle aidait à traduire sur le clavier en langue peuhle jusqu’à faire un dictionnaire avec un prêtre).

Étant bénévole chez les prêtes, elle gagnait de petits contrats et en 1998, elle fut recrutée en tant qu’animatrice sur l’hygiène et la transformation du lait dans le Sahel par la Question Paysanne du Christ à Ouagadougou ; elle y resta jusqu’en 2021, année de fin de contrat.

De là-bas, elle séjourna un temps en France (un mois parce qu’elle voulait faire l’immigration).

Le séjour ne l’ayant pas plu, elle retourna à Gorom auprès des siens. En étant à Gorom, elle eut l’idée de commerce, ce qui l’amena encore à Ouagadougou où elle vendait des chèvres et des moutons (elle achetait ces petits ruminants qu’elle revendait pendant la période de la Tabaski) au marché de bétail à Tanghin de 2003 à 2004.

Adissatou qui n’a pas trouvé de satisfaction dans la vente des petits ruminants, décida alors de retourner dans son fief à Gorom et commença la fabrication des colliers et c’est à partir de la fabrication de ces colliers, qu’elle eut l’ingénieuse idée de créer une structure pour aider les femmes séropositives à Gorom et malheureusement en 2005-2006, personne dans le Sahel ne voulait qu’on parle du SIDA parce que pour la population, c’est honteux, c’est un tabou.

C’est grâce à la vente des colliers, que son rêve de créer une structure fut une réalité puisqu’elle rencontra de très bonnes volontés qui l’aidèrent à ce que son rêve se réalise.

Malgré l’adversité de la vie, malgré les coup-bas, Adissa toujours confiante, toujours résiliente, cette Brave et courageuse Dame qui savait ce qu’elle voulait, qui voulait atteindre ses objectifs, ne s’est jamais laissée perturbée et a pu donner un sens à son Existence.

Présidente de la 1ère association du Sahel qui lutte contre la Tuberculose, le VIH et le Paludisme, décorée en 2022 grâce à sa prise en charge des personnes atteintes de la Tuberculose, pour son engagement sans faille dans la lutte contre le VIH/SIDA, Adissatou Cheick Ould Mohamed  reçu une distinction honorifique des associations dans le domaine sanitaire avec une attestation , des trophées et une somme de 200.OOOFCFA lors de la 35ème  journée mondiale de lutte contre le SIDA le samedi 02 décembre 2023 par le Conseil national de lutte contre le SIDA et les infections sexuellement transmissibles (CNLS-IST).

Grâce à son abnégation, au soutien d’amis et de très bonnes volontés, en plus de son association créée en juillet 2016 qui compte 21membres (avec un bureau qui se renouvelle tous les cinq ans), Adissatou a pu construire son CSPS et le 19 août 2020, elle eut la décision d’ouverture de son CSPS en mémoire de sa 1ère amie rencontrée (qui s’appelait Dominique Lost) en créant TASSAG. Le   15 janvier 2021, le CSPS  privé Dominique Lost est ouvert  à Gorom-Gorom , et emploie  trois infirmiers, une vendeuse de pharmacie , un gardien, six animateurs (ces agents sont payés sous fonds propres de l’association grâce aux soutiens de très bonnes volontés, amis, admirateurs et ceux qui croient en ce qu’elle fait «  De 2006 à 2008, elle n’avait pas de partenaires sauf ses amis qui lui ont permis de prendre en charge  et de parrainer de 2007 à 2017 , 200 enfants qui sont tous actuellement à l’université ».

Malgré les difficultés auxquelles fait face Adissatou, elle ne baisse jamais les bras et reste toujours Résiliente en scrutant le ciel espérant que le lendemain serait meilleur.

« Lorsqu’on est déterminé, on arrive à surmonter les difficultés, et lorsque nous avons la volonté, nous y arrivons

Cela fait trois ans que le CSPS est ouvert ; pour le moment, il fonctionne, c’est l’association qui paye ses agents et avec cette insécurité, je rends grâce à Dieu et le remercie ainsi que les très bonnes volontés me soutiennent.

La majorité de la population de Gorom sont analphabètes (99%) et se laissent influencer négativement par les mauvaises langues, les préjugés, lesquels préjugés les font croire en lavant leur cerveau que les consultations chez nous sont très chères vues que notre CSPS est privé. Ce qui nous oblige à aller vers elle pour la sensibiliser et la rassurer que les frais d’hospitalisation et autres sont à leur portée et que nous sommes à leur disposition », a-t-elle conclu.

benedicteoued@gmail.com

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