Rasmata Konfé : Malgré son handicap, ne se résigne point !

« Si tu donnes de l’amour, tu reçois l’amour ; si tu donnes la haine, tu recevras en retour la haine. Donc, c’est mieux de semer la joie dans les cœurs les plus démunis et recevoir un franc sourire et c’est ce sourire qui me fait revivre, je n’ai pas les moyens, c’est pour me sentir utile ». Dixit Rasmata Konfé.

Née et grandie dans une famille très pauvre, présidente de l’association «  Nouvelle Graine d’espoir » (l’ancien nom était «  Wendpanga pour le développement »), rejetée par sa famille parce qu’atteinte de la poliomyélite (qui lui a fait perdre ses deux jambes), Rasmata Konfo à l’état civil (et Rasmata Konfé sur Facebook), doit sa vie grâce à sa maman, a-t-elle confié «  Je suis née à Ouagadougou et j’ai grandi dans une famille très pauvre. C’est suite à la poliomyélite que j’ai perdu l’usage de mes jambes. La maman a dû se battre très dur afin que je puisse me remettre debout ».

Comme je n’ai pas eu une enfance heureuse, j’ai décidé de venir en aide aux personnes démunies et vulnérables.
Quand j’ai grandi, j’ai compris que les personnes démunies ont besoin d’aide a souligné Rasmata « Ma mère et moi étions dans le besoin et c’était très difficile aux gens de nous apporter leur soutien. Mais d’autres volaient à notre secours. Bien que maman n’avait rien, à chaque fois qu’elle arrivait à préparer quelque chose pour nous à manger, elle la partageait à d’autres personnes nécessiteuses et lorsque j’ai voulu comprendre un tel comportement, elle m’a fait savoir qu’on ne devait pas être riche pour venir en aide aux personnes démunies, pour partager le peu qu’on a avec elles.
En grandissant, j’ai emprunté les pas de maman et je me suis poser tas de questions relatives à l’utilité de ma personne envers les autres et je me suis dit pourquoi ne pas aider mon prochain pour qu’il ait lui aussi le sourire ».

Il faut comprendre le monde des personnes atteintes de handicap si non, tu vas t’en mordre les doigts ; ce qui a fait que je me suis retournée vers une autre cible.

« Je préfère me tourner vers les enfants, les orphelins, les veuves et les enfants démunis et vulnérables qui ont besoin de soutien et je les préfère puisqu’ils ne sont pas hypocrites », a lâché tristement Rasmata.
Pour Rasmata, la question de handicap devenant de plus en plus banale, d’autres maux surviennent au sein des personnes atteintes de handicap. De ces maux, elle est revenue sur la jalousie qui est vraiment une gangrène « entre nous-même, on ne se laisse pas ; il y’a trop de jalousie dans nos activités : tu essaie de mener des activités pour aider les personnes handicapées, tu deviens à la longue leur ennemi. Moi-même je suis une personne handicapée et j’ai compris qu’il n’y aura pas de changement.
Un autre mal et pas les moindre, c’est le manque de solidarité, de compréhension et de discernement entre personnes atteintes de handicap, a-t-elle poursuivi « Ce qui intéresse et préoccupe la plupart des personnes atteintes de handicap, c’est comment avoir l’argent pour le dépenser et c’est tout. Pour moi, on doit aller au-delà de ça, c’est-à-dire être des opérateurs économiques un jour et avoir des objectifs à atteindre.
Si déjà votre objectif est de raconter des bobards sur votre présidente qui est obligée de tout faire pour vous venir en aide, c’est cette façon de faire qui tue les associations des personnes vivant avec un handicap. On ne s’occupe pas de ce qui nous regarde ».


J’ai décidé de créer la foire HANDICAPABLE parce que je pense que l’Etat burkinabé ne nous prend pas au sérieux.
Promotrice de foire qui se tient du 1er au 5 décembre de chaque année, Rasmata a confié que cette foire a été créée suite à un constat « J’ai décidé de faire la foire parce qu’on a remarqué que depuis des années, l’Etat burkinabé, notre gouvernement ne fait pas assez pour nous. Chaque 3décembre, nous célébrons la journée des personnes handicapées qui passe inaperçu. On vous regroupe dans une salle et on ne parle rien de bon et c’est fini ». 
C’est pour apporter une autre connotation à cette journée, que Rasmata, selon ses dires a voulu que cette foire soit différente et doit se démarquer des festivités « j’ai voulu créer la foire handicapable du 1er au 5décembre pour que les gens puissent réellement participer à cette foire et inviter beaucoup de personnes vivant avec un handicap (qui ont ou mènent des activités et qui ne s’adonnent pas à la mendicité )à venir afin qu’on puisse sincèrement exposer nos savoirs- faire durant cinq jours, causer ensemble, comprendre les problèmes qui impactent négativement notre développement. Cette foire nous interpelle ; nous personnes atteintes de handicap à nous poser des questions relatives à ce que nous pouvons faire pour un changement à notre faveur à travers des panels, des expositions, des rues marchandes et des animations artistiques ».

En plus de la foire HANDICAPABLE, Rasmata a initié un arbre de Noel, un festival et un camp cuisine pour les enfants démunis, vulnérables et défavorables.
Rasmata selon ses dires, organise l’arbre de Noel chaque année grâce à l’aide de ses amis, de ses connaissances. En plus de l’arbre de Noel, elle a initié un camp cuisine depuis 2019 « j’ai lancé la 1ère édition, et comme il y’a la Covid19, j’ai suspendu pour le moment. Mais je compte la relancer cette année (2022) et j’ai deux festivals ; festival éclair (qui est à sa 4ème édition, bientôt la 5ème édition ».
Le handicap fait qu’il est très difficile pour une femme atteinte de handicap d’avoir un foyer comme les autres.
Rasmata pense qu’il est très difficile pour une femme vivant avec un handicap de se marier si toute fois elle tombe sur une famille dont les membres ne comprennent pas la vie « le handicap fait que le mariage est très difficile parce que ta belle famille ne va jamais t’accepter si tu ne tombes pas sur des personnes qui comprennent très bien la vie. Ils vont tout le temps te faire comprendre que tu es un moins que rien, et ils se demanderont ce que leur fils est venu faire avec toi ou ce que tu peux faire pour eux. Ils vont se poser plusieurs questions ; ils vont te rendre la vie impossible ; ce qui fait que des personnes handicapées, bien que souvent très belles ont du mal à trouver le foyer. On voit notre incompétence pour vaquer à nos tâches ménagères et ce qu’ils ignorent, tu peux mieux faire qu’eux en étant sur ton fauteuil roulant, c’est très difficile de faire comprendre à quelqu’un qui ne veut pas comprendre ».

Le handicap n’est pas une fin en soi. Je condamne la mendicité et les gens doivent savoir qu’on ne doit pas abuser des services de l’action sociale.
« Plusieurs personnes atteintes de handicap préfèrent mendier ou se morfondre. Si chacun s’occupait de son parent atteint de handicap, beaucoup de choses allaient s’améliorer (je sais qu’il y’a des personnes, lorsqu’elles ont un enfant handicapé, ont tendance à dire qu’il faut aller à l’action sociale comme si l’enfant ne leur appartenait pas ».
J’invite toutes les femmes à se départir de la mendicité et d’essayer de faire quelque chose avec leurs dix doigts pour s’en sortir parce que la mendicité ne peut pas les emmener loin et si tu penses que tu vas vieillir un jour et que tu ne pourras plus sortir et aller mendier, tu trouveras autre alternative », a-t-elle lâché et de conclure qu’elle se focalise plus dans le social et dans l’humanitaire « je voyage tout le temps en moto pour aider les enfants , les personnes démunies .Mon combat far, c’est aider les plus démunis comme moi, et je mets l’accent sur cela ».

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