Patrimoine culturel immatériel : Mieux connaitre Le « Yolongo » pour l’empêcher de disparaitre.

Du 17 au 20 décembre 2020, se tiendra la 7 ème édition du festival « Un village dans une ville » à Ouagadougou.

C’est dans le cadre de cet évènement, que des chercheurs ont été mandatés par la promotrice de l’association « Cri d’Espoir et d’ailleurs promotrice de cet évènement annuel, Oliva Ouédraogo pour une étude basée sur le patrimoine culturel immatériel (en voie de disparition) qu’est le « Yolongo » ; une musique jouée et qui se danse à Godin (situé à environ 4kms de Saponé ; une localité distante de la capitale Ouagadougou d’une quarantaine de kms).
Cette équipe de trois chercheurs (dont une femme) est accompagnée par six stagiaires venus de Ouahigouya, Dori et Saponé et de deux médias dont Féminin Actu.
Arrivés à Saponé, l’équipe a d’abord rendu une visite de courtoisie à son Excellence le Naaba Sigré, Chef de Saponé et profiter échanger avec ce Grand homme traditionnaliste, très conservateur et imperturbable.
De ces échanges (qui ont duré plus de 2h d’horloge), Naaba Sigré est revenu sur la sociohistoire ou l’origine de Saponé, sur l’origine du chapeau de Saponé et de la signification des dessins qu’on voyait.
Son Excellence le Naaba Sigré qui a expliqué qu’il ne saurait donner une date exacte à la fondation de Saponé (Selon ses propos, c’est entre le 13ème et le 14ème siècle que Saponé a été créé), s’est excusé auprès de ses hôtes, car selon lui, on ne peut pas raconter en une journée l’histoire de Saponé tout comme on ne peut pas finir de lire la Bible ou le Coran en un jour. Il a indiqué néanmoins que Saponé faisait partie de l’histoire du pays ; de leur empire depuis Ouédraogo en descendant par Zoungrana, Oubri, et Koumyimbié (et surtout de Koumyimbié, puisque tout vient de là) et c’est le Naaba Kouda le fondateur de Saponé ; qui est le fils de Koumyimbié.
 « Naaba Kouda fut un des fils de Koumyimbié , il n’a pas eu de concurrents dans sa chefferie et lorsqu’il a été intronisé à Ouagadougou, avant que tous les rites coutumiers ne soient faits, il a appris par des chuchotements, qu’il y’a des gens qui voulaient envahir son empire ou qui sont à une partie de son territoire » , a-t-il poursuivi et d’ajouté que ce dernier s’était levé tard dans la nuit en prenant une direction du Sud de Ouagadougou pour aller combattre ces gens qui voulaient envahir son territoire parce que c’était un homme de paix , un homme qui a été tolérant, un homme qui a voulu l’amitié entre les hommes, un homme qui a voulu la cohésion sociale dont nous parlons aujourd’hui «  Quelqu’un qui était prétendant à la chefferie, ne devrait pas se raser la tête avant l’accomplissement des traditions , c’est là il s’était levé avec son cheval, et avec quelques compagnons, il était parti vers le Sud de Ouagadougou en passant par Ouarmini, (quand vous veniez, si vous avez traversé Bass-Yam, c’est juste à gauche , il y’a une voix qui va vers Ouarmini ) ; il a séjourné là-bas ; et après, il a enjambé toute cette bretelle en venant resté à la bretelle de là ou vous êtes venus par le goudron ici à Karkoudgin ».
Il a en outre précisé que des hommes avaient été dépêchés depuis Ouagadougou pour le (le chef) ramener parce que ni le palais royal, ni Ouagadougou ne devraient être vides et de lâcher qu’un ordre était donné à ces émissaires de lui raser la tête si toute fois ils le retrouvaient «  Si vous arrivez, caresser d’abord sa tête avant de le raser afin que la chefferie reste sur place. NB : Le chef a parlé en mooré et nous avons essayé de traduire (yam san wa tog taa, bi sagué, poné, y sanwa yinda, bi ponga zouga, isan yinda , bi ponga zouga, na yili ti Naama pa zingin) », et c’est ainsi qu’il fonda son Canton, ce territoire et y est resté jusqu’à sa mort, a- t-il dit et d’indiquer qu’il avait ensuite fait venir sa génitrice du nom de Pabré, ressortissante de Pabré et que Lallé, Zorgo, Lenglengué, Soubeiga sont tous de Kouda  « Naaba Kouda est mort avant sa génitrice et cette dernière avait souhaité qu’on l’enterre à côté de son fils, car selon elle, en étant à ses côtés, ils pourront veiller sur les populations en les protégeant ».
Quant au chapeau de Saponé, il a expliqué qu’il faisait partie des valeurs auxquelles il voulait partager, une invention ou une innovation depuis le 13ème ou le 14ème siècle qui est une valeur culturelle, traditionnelle de coutume parce que le chapeau parle de lui-même « Lorsque vous avez un chapeau de Saponé, cela veut tout dire, cela donne toute une tradition de vie sociale , de vie communautaire, de recherche d’une valeur de mieux-vivre , c’est la raison pour laquelle je me suis battu pour sa labélisation ».
A l’issu des échanges très fructueux avec son Excellence Naaba Tigré, la délégation a continué sur Godin (situé à environ 4kms de Saponé) pour discuter avec la troupe « Yolongo ».
L’équipe a été accueillie par quelques membres de la troupe (puisqu’ils étaient en deuil et la rencontre qui devait avoir lieu à leur siège, a été délocalisée ailleurs et aucun pas de danse n’a été fait ni la chanson).
En ce qui concerne ce patrimoine, les membres de la troupe ont fait savoir à la délégation, qu’ils étaient nés trouver la danse, trouver leurs ancêtres qui chantaient et dansaient, et que cette danse se retrouvait aussi bien dans le Bazèga, qu’à Dapélogo.
Ils ont en outre souligné que seules les thématiques de cette danse différaient d’un évènement à un autre, si non que le rythme qui est le Wengda ne changeait pas et que on pouvait danser à tout moment, à toutes les occasions (mariages, baptêmes, deuils).
Cette danse qui est une danse mystique ne peut pas être apprise, ont-il confié « On ne peut pas apprendre cette danse, il faut se l’approprier, la connaitre pour la danser, ce qui fait que rares sont les personnes qui arrivent à le faire ».
Après Saponé, c’est autour de Dori de recevoir la délégation les jours à venir et le choix porté sur ces deux régions n’est pas le fruit du hasard puisque cette année, ce sont elles les invités d’honneur.
Les trois chercheurs sont: Morin Edwige Traoré, docteur en socio- linguistique au au CNRST, Ezaï Nana chercheur et Houston Ouédraogo, historien.

Le directeur provincial de la culture du Bazèga a facilité les démarches.
benedicteoued@gmail.com

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