

Dans un pays où l’élevage représente 18% du PIB, où les systèmes alimentaires doivent se réinventer, le développement du lait local n’est pas un luxe. C’est un choix stratégique, d’autant plus urgent que le Burkina Faso (BF) importe chaque année près de 40millions de litres de lait en poudre pour une valeur dépassant 10milliards de francs CFA (Karim Céré, directeur de programmes à OXAF Burkina représentant le Directeur pays).
Nous avons environ 10.000.000 de têtes de bétail au BF et nous avons à peu près 250.000.000de potentiel de lait et c’est seulement 5% qui est transformé (Adama Diallo, producteur, responsable d’une unité de transformation, président de l’Union nationale des mini laiteries de producteur de lait local au BF).
Face à cette réalité, des producteurs de lait et les partenaires techniques et financiers (PTF) n’ont pas choisi de rester spectateurs. En effet, ils ont décidé de créer un espace de dialogue dans lequel ils se pencheront pour intégrer le lait local dans l’habitude alimentaire des populations, d’où les 72h du lait local créé en 2015.La 10ème édition se tiendra du 22 au 24 décembre 2025 du côté de la maison des retraités Antoine Nanga à Ouagadougou.
Le lait est d’abord un pilier de souveraineté alimentaire parce qu’il permet au Burkina Faso (BF) de produire, transformer et consommer ses propres ressources en réduisant la dépendance aux importations. Il est également un levier de création d’emplois, mobilisant des milliers de femmes et d’hommes de la traite jusqu’à la distribution en passant par la transformation.
Il est surtout un puissant vecteur d’autonomisation économique pour les femmes, nombreuses à piloter des unités de transformation, à générer des revenus stables et à investir dans l’avenir de leurs enfants. Et il constitue enfin un rempart silencieux contre les crises qu’elles soient économiques, sécuritaires ou climatiques en offrant aux communautés un socle d’activités, de dignité et de stabilité.
Les 72h du lait local ont été créé pour contrer la poudre de lait qu’on déversait (à l’époque sur le marché burkinabè) dû à la suppression des quotas laitiers en Europe a expliqué Adama Diallo

, producteur, responsable d’une unité de transformation et président de l’Union nationale des mini laiteries de producteur de lait local (UNMLP) au BF « Nous avons créé les 72h du lait local pour constituer un espace de dialogue entre producteurs et transformateurs pour surtout connaitre nos propres problèmes , mais aussi un espace de création de messages de plaidoyer pour adresser aux autorités et aussi un espace de promotion du lait local .Comme nous l’aimons à le dire, c’est le marché qui tire la production ; donc pour avoir le marché, il faut également faire la promotion de nos produits afin qu’ils puissent être connus des consommateurs qui sont un levier important pour nous. Il faut aussi noter qu’à travers ces 72h, nous faisons la promotion de deux leviers surtout le levier de notre marque qui identifie le lait local sur le marché : la marque fait Faso, mais aussi demander aux autorités d’intégrer le lait local dans les cantines scolaires, éduquer nos enfants avec le lait local parce que la plupart des personnes âgées ont été éduquées avec le lait en poudre à l’école. Nous demandons aujourd’hui, à ce qu’on éduque nos enfants avec du lait local afin qu’ils soient des consommateurs de demain et qu’ils puissent aussi développer la filière ».
Le lait local commence à entrer dans l’habitude alimentaire de la population burkinabè.
Adama a remercié les unités de transformation qui ont un fait un travail pour intégrer le lait local dans l’habitude alimentaire des populations car pour lui, il y’eut une période où le potentiel était lent et la consommation ne suivait pas « Il faut qu’on travaille encore à faire en sorte que tous les consommateurs aient confiance en notre lait local et nous savons que notre lait local aujourd’hui est le meilleur lait que celui importé.
Nous travaillons sur la qualité de nos produits pourque les consommateurs non seulement aient confiance, mais aussi qu’ils puissent savoir que consommer le lait local aujourd’hui, c’est aussi développer notre propre production.
Notre objectif est de transformer la totalité de notre potentiel afin que nous puissions aussi couvrir le marché. C’est à nous d’inciter les producteurs, de trouver des marchés pour qu’on puisse couvrir le besoin national afin qu’on puisse interdire totalement les importations de la poudre de lait (surtout qu’elle est dégraissée et redégraissée : Comme quelqu’un l’a dit ; ceux qui le fabriquent, n’en consomment pas. C’est pourquoi, nous voulons aussi ouvrir les yeux pour qu’on puisse consommer ce que nous avons qui est de meilleure qualité que ce qui est importé ».
Des partenaires s’expriment.
Pour le représentant de la directrice régionale de l’agriculture, des ressources halieutiques de la région du Kadiogo, Jacques Simporé

, ces 72h représentent une grande opportunité pour la région puisque selon lui, en matière de lait, les Autorités actuelles mettent les moyens nécessaires pour soutenir ces producteurs « Et c’est l’occasion pour nos producteurs-transformateurs, tous ceux qui sont de la filière de pouvoir exposer et présenter leurs doléances pour la bonne marche de la chaîne. C’est de leur dire merci pour la résilience parce que ça fait dix éditions et beaucoup de choses sont faites à leur niveau ; dire également merci à tous les partenaires qui accompagnent l’Union pour la bonne marche de ses activités. L’État aussi intervient et je sais que beaucoup de choses seront faites pour la bonne marche de la filière au niveau de notre pays ».
Karim Céré,

directeur de programmes à OXAF Burkina représentant le Directeur pays a félicité l’Union pour cette résilience en les encourageant à poursuivre sur cette voie même si ça changer un peu de forme, de tenir, parce que c’est la promotion du lait local qui va en droite ligne dans la vision politique aujourd’hui qui est le « Consommons local » qui est la souveraineté dans tous les sens.

Le partenariat entre OXFAM et l’UNLPB ; c’est un partenariat de longue date qui dure depuis plus de quinze ans, a-t-il précisé et d’ajouter « Ce que nous attendons d’eux, c’est de redoubler d’ardeur, de travail pourque la souveraineté en matière de lait local soit une réalité comme l’a dit l’Émir du Thiou, pourque dans quelques années, on interdise l’importation du lait en poudre au BF et que nous puissions tous consommer le lait local. En Europe, les gens ne consomment pas le lait en poudre ; le lait en poudre est réservé aux animaux ; c’est du lait frais qu’ils consomment chaque matin. Et pourquoi allons-nous continuer à consommer ce lait importé du moment que nous avons tant de potentiel que nous pouvons exploiter. Donc, nous les encourageons à redoubler d’ardeur pourque nous puissions atteindre cet objectif : zéro lait en poudre importé au Burkina ».
benedicteoued@gmail.com
