

La traite des êtres humains menace de plus en plus la sécurité des enfants et des adolescents, en particulier dans certaines régions d’Asie du Sud-Est, d’Asie du Sud et d’Afrique, où la majorité du trafic transfrontalier a lieu. C’est l’un des crimes qui connaît la croissance la plus rapide, qui touche jusqu’à 50 millions de personnes dans le monde. Les enfants et leurs familles – en particulier ceux touchés par la pauvreté, les conflits, les catastrophes naturelles ou le changement climatique sont des cibles plus faciles pour les trafiquants, car ils sont plus susceptibles de croire à de fausses promesses de vie meilleure dans un nouveau pays ou d’emplois passionnants qui rapportent plus.
Le Burkina Faso est l’un des pays africains où le pourcentage d’enfants travailleurs est très élevé (51%). En 2020, selon le rapport national sur la traite des personnes, 1 529 victimes ont été enregistrées dont 1 487 enfants (710 filles et 777 garçons). Ces chiffres qui concernent uniquement les victimes identifiées montrent que la pratique a la peau dure.
La loi n° 01-2014/AN portant protection de l’enfant au Burkina Faso vise à protéger les enfants en danger ou en conflit avec la loi. Elle a été modifiée et complétée par la loi n° 015-2016/AN du 14 mars 2016, qui met l’accent sur la prévention et améliore la gouvernance de la protection de l’enfance en renforçant les structures comme l’Observatoire national de la protection de l’enfance et le Conseil National de la Protection de l’Enfance. Les enfants ont droit à l’identité, à la nationalité, à l’éducation et à être protégés contre la violence et l’exploitation.
Dans le paysage en constante évolution de la traite, les organisations communautaires jouent un rôle à long terme, concentrant leurs efforts principaux sur la prévention pour assurer la sécurité des enfants et des jeunes.
Peu importe qui ils sont, d’où ils viennent, leur âge ou leurs origines, chaque enfant veut être en sécurité.
Qu’il s’agisse de retourner chaque jour dans un endroit qu’ils peuvent appeler leur foyer, de jouer dehors avec d’autres enfants de leur communauté ou de marcher jusqu’à l’école et d’en revenir, chaque enfant mérite de se sentir en sécurité.
La Convention (n° 182) de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, 1999, assimile le trafic des enfants à une pratique analogue à l’esclavage. La convention demande aux Etats qui la ratifient de prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer l’interdiction et l’élimination des pires formes de travail des enfants.
Soucieux du bien-être de l’enfant, et pour lutter contre la traite des enfants, l’équipe de l’office des nations unies contre la drogue et les crimes , bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre basé à Dakar (ONUDC), a initié une formation pratique et de sensibilisation sur le terrain avec les acteurs communautaires et les journalistes sur la protection de l’enfant contre la traite et autres formes d’exploitations au Burkina Faso (BF) du 11 au 14 novembre 2025 à Bobo Dioulasso dans la région du Guiriko(localité située à plus de 300kms de la capitale Ouagadougou).

Cette activité s’inscrit dans l’axe stratégique 3 relatif à la promotion des droits humains et de la Paix et contribue à l’atteinte de l’objectif stratégique3.1 « Œuvrer à l’accès aux droits fondamentaux des populations », l’axe stratégique2 du plan d’actions national de lutte contre la traite des personnes relatif à la prévention et contribue à la réalisation de l’objectif 2.1 « Contribuer au renforcement des connaissances des populations et des acteurs étatiques et non étatiques sur la traite des personnes » a expliqué le Chargé associé de programmes à l’office des nations unies contre la drogue et les crimes , bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre basé à Dakar (ONUDC), Luigi Limone et d’ajouter que l’activité a bénéficié d’un appui financier du projet PROMIS , financé par le Royaume des Pays-Bas « Ce projet est une initiative régionale mise en œuvre conjointement par l’ONUDC et le HCDH et vise dans son objectif stratégique 4 à mettre en place des programmes de résilience communautaire et à promouvoir le dialogue et la cohésion sociale ».
Luigi Limone

Pendant les quatre jours, ils ont eu des sessions théoriques suivies par des mises en situation dans lesquelles les non bénéficiaires de la formation ont pu sensibiliser dans quatre endroits différents de la ville de Bobo, le public notamment les femmes et les enfants sur la traite et l’exploitation des enfants, a-t-il précisé « Les journées étaient très chargées et surtout très fatigantes pour tout le monde. Nous avons commencé nos sensibilisations par une école coranique (à Dioulassoba), puis deux installations dans des espaces ouverts de la ville et nous avons terminé par une projection de film (sur le mariage précoce, indésiré, mariage d’enfant) suivi de débats à la maison de la culture de Bobo Dioulasso. Les objectifs étaient les mêmes avec des formats et imprévus différents dus au terrain, mais tout le monde avec le même esprit, le même objectif a poussé pour atteindre les objectifs qu’on s’était fixés au départ. On est très bien satisfait de cette activité ».
Ce n’est pas la 1ère fois que ONUDC organise de telles activités, a-t-il confié « C’est la 2èphase du projet qui lutte contre la traite des enfants et vise à renforcer l’accès à la protection et à l’éducation des enfants du Burkina Faso (BF) . Dans la 1ère phase, on avait déjà travaillé avec les journalistes et dans la phase actuelle, nous avons associé les leaders communautaires. La 3ème phase qui s’annonce à partir de janvier 2026 sera une capitalisation de ce qui a été fait dans les phases précédentes pour aller de plus en plus vers des engagements communautaires. Nous avons aussi prévu des activités avec les mèmes acteurs, des radios communautaires, des sensibilisations, des campagnes des jeunes pour mobiliser le public le plus large et faire de telle sorte que cette lutte puisse continuer avec les mèmes acteurs qui ont été impliqués dès le début de ce projet ».



Seule l’éducation des parents et des enfants peut contrer ce fléau qui gangrène la société.
Jean-Marie Sawadogo (secteur 11 du quartier Farakan de Bobo Dioulasso) et sa famille ont été confrontés à une traite des enfants. Selon ses explications (l’affaire s’est passée à Pouytenga), il y’a de cela trois ans, une personne est venue flatter un de leurs enfants à leur insu et l’emmener dans les mines d’or de la Guinée « L’enfant est resté pendant deux ans là-bas et à l’issu des deux ans, aucune nouvelle de lui et en tant que parents, on s’inquiétait pour lui.
C’est à travers nos recherches, que nous avons pu savoir où se trouvait l’enfant et la personne qui a facilité le départ de l’enfant en Guinée. Cette dernière avait promis de ramener l’enfant auprès des siens et c’est le jour qu’il devait le ramener, qu’il nous appelle pour nous dire que malheureusement l’enfant est décédé en route (entre la Guinée et le Sénégal et qu’il a été inhumé). L’enfant avait entre 15 à 16ans et nous ignorons comment il a contacté l’enfant et a pu le convaincre et dans quelles conditions l’enfant a été emmené en Guinée ; elle a flatté l’enfant, nous avons même fait des communiqués de recherche en vain pour retrouver notre enfant et c’est après que nous avons su que l’enfant a accompagné un homme.
On ne connaissait pas l’homme et c’est après le décès du petit, que nous l’avons connu physiquement. On voulait le traduire en justice ; des personnes âgées de la famille nous ont demandé de laisser tomber l’affaire, que c’est la volonté de Dieu et jusqu’à présent nous ignorons là où se trouve la tombe de notre petit. Des témoins nous ont dit avoir vu l’enfant malade en Guinée ».

Jean-Marie qui prie Dieu chaque jour afin que ce fléau soit booter hors du pays, croit qu’avec la sensibilisation, ça ira, a profité donner des conseils aux parents « c’est qu’ils fassent très attention, qu’ils sensibilisent leurs enfants afin que ces derniers puissent connaitre les enjeux de la traite. L’enfant doit aller à l’école (qui seule peut le libérer) et la pauvreté ne doit pas pousser les parents à brader leurs enfants. Nous avons sensibilisé les habitants de notre quartier et le problème est très criard à Pouytenga et les parents doivent éviter d’être arnaqué par ces individus sans conscience. Au début, l’homme avait promis de reverser la somme de 650.000FCFA/l’an aux parents de l’enfant ; l’homme est venu avec 250.000FCFApour remettre aux parents qui ont refusé de prendre et il est retourné en Guinée ».
Pour Mariam Ouédraogo, mère d’enfants, qui a salué et apprécié vraiment cette activité, pense que l’éducation commence d’abord par les parents, parce que pour elle, il y’a des parents qui ignorent l’existence de ce fléau et c’est vraiment important de mener ce genre d’activités qui sensibilisent vraiment « En tant que parents, nous avons aussi besoin d’éducation. Ce n’est pas parce que nous sommes parents que nous sommes bien éduqués ; on doit nous sensibiliser, nous éduquer, nous faire comprendre que la traite des enfants est une triste réalité puisque ce sont nous parents qui poussons nos enfants à sortir. On doit apprendre aux enfants à travailler dur à l’école pour éviter d’envier les autres et aussi utiliser de courts chemins pour avoir de l’argent. Il ne faut pas aussi comparer les enfants aux autres enfants en les invitant à travailler ; c’est en voulant avoir les petites miettes que les enfants abandonnent la famille pour aller chercher du travail alors que si nous en tant que parents nous sommes sensibilisés, on est éduqué, je crois qu’on arrivera à lutter efficacement contre ce fléau(il y’a une manière d’éduquer les grandes personnes et il faut que les autorités nous éduquent, nous forcent à prendre soin de nos enfants, à bien les conseiller afin de les éviter d’aller sur les sites d’orpaillage qui regorgent plusieurs dangers). Et parlant de dangers, évoquer les disparitions fréquentes des enfants et on peut s’appuyer sur cela pour les faire comprendre les enjeux de la traite ».

À L’endroit des autorités, elle leur a demandé de miser sur l’éducation des enfants et la sensibilisation.
Mariam Barry, étudiante en 1ère année de licence pense que la traite des enfants n’est pas une bonne chose et pour lutter contre cela, elle a suggéré qu’on fasse des sensibilisations soit à travers la télévision, la radio ou soit par des animations de sensibilisations suivies de débats « ce que vous venez de faire est une très bonne initiative et je pense qu’à travers ça, cela va freiner l’exploitation des enfants.

L’appel que j’ai à lancer (surtout à l’endroit des parents), c’est de ne pas abandonner leurs enfants en les confiant à des personnes qui viennent leur promettre des lendemains meilleurs ».
Tout comme Mariam ouédraogo, O. Fatimata Sirima, étudiante en lettres modernes, licence 1 pense que les parents doivent être éduqués sur les méfaits de la traite «. Ce sont les parents qui confient leurs enfants à des personnes ; ce qui favorise l’exploitation de ces derniers. Il faut que les parents soient conscients de ce qui les attend si toute fois ils confient leurs enfants à des personnes dont on ignore leur moralité. Les parents doivent d’abord être éduqués sur cette problématique pour pouvoir à leur tour éduquer leurs enfants afin que ces derniers puissent comprendre les enjeux de ce fléau ».
Fatimata Sirima

benedicteoued@gmail.com
