


Ciment de la Paix et de la Cohésion sociale, appelé Rakiré en mooré, la Parenté à plaisanterie sert de levier de Paix en permettant aux communautés de désamorcer les conflits potentiels en utilisant l’humour et les taquineries comme exutoire social.
La parenté à plaisanterie au Burkina Faso (BF) est une pratique ancestrale qui tisse des liens de fraternité entre des groupes ethniques, permettant de désamorcer les tensions sociales par des taquineries et des échanges humoristiques, et est considérée comme un pilier de la cohésion sociale et de la paix. Elle est basée sur un système d’alliances où des groupes comme les Mossés et les Samo, ou les Bobo et les Peulhs, se moquent mutuellement sans rancune, pour renforcer leur solidarité. Des initiatives récentes visent à promouvoir et à officialiser cette pratique pour préserver le vivre-ensemble, notamment dans un contexte sensible.

L’origine de la parenté à plaisanterie est multiple et résulte de pactes ancestraux visant à pacifier les relations entre groupes ethniques ou sociaux. Elle peut provenir soit du partage d’un même territoire, soit de la résolution de conflits historiques, et elle est ancrée dans des mythes, des légendes et des événements socio-historiques, comme un pacte oral ou symbolique scellé par les ancêtres.
Le Burkinabè a soif de Cohésion sociale, de Paix a remarqué Maimounata Lingani alias Mai Lingani artiste musicienne. Et pour une Cohésion sociale et une Paix durables au BF, elle a décidé en complicité avec Généviève Kaganbèga/Bationo d’organiser la 1ère journée des Rakiré qui a eu lieu le dimanche 26 octobre 2025 au sein du restaurant Géo services situé dans le quartier Ouaga 2000 de Ouagadougou.
Pour une 1ère édition, et la charité bien ordonnée commençant par soi-même, quoi de plus normal que d’honorer d’abord les Bissas et les Gourounsis puisqu’une est de l’ethnie Bissa et l’autre de l’ethnie Gourounsi, a-t-elle poursuivi « Nous sommes très heureuses madame Kagambèga et moi d’avoir créé cette initiative et nous en sommes fières parce qu’aujourd’hui, nous sommes entourées des Burkinabè dans son ensemble et pour les prochaines éditions, nous inviterons d’autres ethnies. Ma belle-sœur Kaganbèga est Gourounsi et moi Bissa. Comme elle est Gourounsi et moi Bissa et comme la charité bien ordonnée commence par soi, nous avons décidé de commencer par les Bissas et les Gourounsis. Et pour cette journée, nous avons prévu une activité très alléchante pour nos convives ».
Maï Lingani , une des Initiatrices de cette journée.

Cette journée, est aussi l’occasion de présenter le restaurant Géo services qui existe depuis près de quatre ans qui fait des exploits en matière de mets locaux, d’arts culinaires et à travers cet art culinaire, elles ont voulu aussi célébrer la Parenté à plaisanterie qui est vraiment un Socle pour la Cohésion sociale, a-t-elle ajouté et d’indiquer que ce sont principalement les mets locaux de ces deux ethnies qui ont été exposés et dégustés en vue de mettre en lumière le savoir-faire et surtout de perpétrer ce que les ancêtres ont légué « Nous avons proposé des mets locaux Bissas et Gourounsis puisque pour cette 1ère édition, il s’agit d’un face à face entre les Bissas et les Gourounsis. Les mets que vous avez vus sont des mets identitaires de ces deux ethnies et il y’a des mets que je découvre la 1ère fois. Nous avons des enfants qui sont là et qui vont apprendre les mets locaux des différentes communautés du BF et c’est ça aussi l’objectif de cette rencontre aujourd’hui. Vous avez vu des troupes traditionnelles entrain de prester parce que Géo services, c’est non seulement l’art culinaire, mais c’est aussi l’art de la scène où nous avons des prestations humoristiques, des prestations de danses, de musiques tradi-modernes, traditionnels et bien d’autres styles de musique que nous faisons dépendamment des circonstances que nous avons ici à Géo services comme activité. Nous sommes plus que satisfaites puisque nos attentes ont été largement atteintes et nous sommes très heureuses d’avoir créé une telle Initiative ».
C’est avec plaisir que le Docteur Dominique Zouré (parrain), médecin militaire à la retraite , Honorable a répondu à l’invitation de sa collègue Honorable Reine Sakandé, marraine pour se joindre à cette activité, a-t-il confié « Je l’ai accepté, parce que les Gourounsis font partie de mon quotidien aussi bien dans les bons que dans les mauvais jours et c’est la raison pour laquelle j’ai spontanément répondu favorablement tout en sachant que ce sera une occasion pour moi de contribuer à raffermir cette tradition.
J’ai demandé à nos Linguistes pour les prochaines éditions, de bien vouloir nous parler dans nos langues pour nous inscrire dans les valeurs de la tradition ».

Pour lui, la Parenté à plaisanterie est un outil stratégique qu’il ne faut pas galvauder « vous avez de plus en plus des jeunes (comme je l’ai dit dans mon ouvrage) qui ne connaissent peut-être pas leur village et qui pensent que la Parenté à plaisanterie veut dire vulgarité. Je ne m’inscris pas dans cette vision des choses : Dans le concept de Parenté à plaisanterie, je retiens d’abord Parenté ; ce qui veut dire Lien et justement, la Parenté à plaisanterie a ce caractère stratégique que là où les autres mécanismes sont bloqués, ce mécanisme peut permettre de lever des obstacles ; donc, nous avons tout intérêt à entretenir cet outil pour la Cohésion sociale ».
Dans ses propos, il a signifié que La Parenté à plaisanterie fait partie des Valeurs que nous ont léguées nos ancêtres « Et quand un parent vous lègue quelque chose, vous avez le devoir de l’entretenir et l’entretenir suppose qu’il faut respecter tous les rites qui entourent la chose. J’invite les uns et les autres à comprendre que cet outil qui nous a été légué, devait nous permettre d’affronter les crises ;que nous veillons à protéger de façon à ce que nous puissions y faire recours pour nous rapprocher parce que, s’il y’a quelque chose que l’on constate de plus en plus, c’est que nous sommes dans une société de crise où on met beaucoup plus l’accent sur les différences plutôt que sur ce qui nous rapproche et justement , cette Parenté à plaisanterie de mon point de vue, est un des derniers Recours » La Parenté à plaisanterie existe depuis nos ancêtres, depuis nos arrières grands-parents , pour nous qui sommes actuellement de ce monde, nous avons le droit de perpétrer cette tradition, a précisé l’Honorable Reine Sakandé (marraine) « Vous savez que lorsqu’il y’a un conflit quelque part et lorsqu’on se rend compte que ce sont des Parents à plaisanterie qui sont à la base de ce conflit, rapidement, on s’assit autour de la même table et ça devient de la plaisanterie et c’est en cela que c’est important ».

La Parenté à plaisanterie contribue pour beaucoup dans la Cohésion sociale, a-t-elle poursuivi « Il y’a des communautés ; n’eut été cette Parenté à plaisanterie, ces communautés allaient s’entredéchirer ; quoi de plus normal pour nous qui sommes des Représentants de nos communautés, d’accepter d’être parrain et marraine de cette activité que nous louons et apprécions au passage et je pense qu’il y’a des Parents à plaisanterie dans toutes les ethnies ; mais pour ce qui concerne les Mossés et les Bissas, c’est encore beaucoup plus accentués tout comme les Samos et les Mossés et quand vous êtes dans un pays gourounsi, si vous dites que vous êtes Bissas, tout de suite, on ne vous prend pas au sérieux.
Quel que soit l’acte que vous poserez, les gens se referont au fait que vous êtes Parents à plaisanterie et on n’en fait pas de problèmes ».
Les convives prêts à déguster les mets locaux de ces deux ethnies.

L’Honorable Reine Sakandé est revenue sur un point très essentiel « Si ceux qui ont pris les armes avaient des Parents à plaisanterie, on n’en sera pas arrivés là.
Si leurs Parents à plaisanterie allaient vers eux pour leur dire de déposer les armes, normalement ils ne doivent pas continuer à faire la bagarre puisqu’entre Parents à plaisanterie, il ne doit pas y avoir de bagarre ni de conflit. ; Nous pouvons jouer sur ce Levier pour contribuer à la Cohésion sociale, à la Paix. Nous sommes très contents, d’avoir accepté l’invitation et d’être là pour parrainer et marrainer cette journée que nous souhaitons qu’elle ne soit pas la dernière ».
Les deux Initiatrices de cette journée

benedicteoued@gmail.com
