

Présidente de l’association pour la promotion de la femme et des filles mères en difficultés Rita Agathe Sanon, (épouse Salou) , autochtone de Bobo, grandi à Ouagadougou, mariée, mère de quatre enfants, enseignante de profession (issue de parents enseignants, elle a voulu embrasser leurs pas),Promotrice d’une entreprise de nettoyage, de pause-café, d’embellissement, de pause rideaux, décoratrice (appris la décoration en Côte d’Ivoire ), propriétaire d’un champ de bananeraies (qu’elle exploite avec des femmes qui sont intéressées, touche à tout pour pouvoir subvenir à leurs besoins et aux besoins des femmes), tente de redonner un sourire aux femmes et filles mères en difficultés en leur apportant son immense soutien à tous les niveaux .
Femme humble, toujours prête à tendre sa main pour son prochain, tout comme l’Abbé pierre, reconnait qu’un « sourire coûte moins cher que l’électricité, mais donne autant de lumière ».
Cette Brave Dame, Féminin Actu l’a rencontrée.
À la question de savoir pourquoi avoir créer une telle association, Rita a confié que tout était parti d’un déclic « Lorsque nous avons déménagé au secteur 22 en 1999, j’ai vu un beau matin une fille qui était devant ma porte en pleurs et j’ai voulu connaitre les raisons et c’est là qu’elle m’a fait savoir qu’elle a été chassée par ses parents parce qu’elle est tombée enceinte. Ne sachant pas où aller, son intuition l’a dirigé vers moi et elle venait voir si je pouvais l’héberger. Bien que je ne la connusse pas, je n’ai pas trouvé d’inconvénients de la garder chez moi et elle y est resté jusqu’à son accouchement et lorsqu’elle a accouché, par manque de moyens, je me suis confiée à des sœurs qui l’ont hébergé et ce sont occupé d’elle pendant trois mois. À l’issue des trois mois, je suis allée voir la famille de la fille pour leur demandé de la récupérer et c’est là qu’ils m’ont fait savoir qu’elle a transgresser leurs interdits et pour qu’elle rejoigne la cour familiale, il fallait réparer en faisant des sacrifices pour demander pardon aux ancêtres. Sans chercher à vérifier leurs dires, je leur ai remis la somme demandée afin qu’ils procèdent à la réparation et c’est là qu’elle a pu retrouver les siens. Et c’est à partir de cela que j’ai décidé de créer cette association.
Un échantillon de boissons énergisantes

Deux jours après la création de l’association avec mes consœurs, nous avons assisté à des abandons d’enfants, on m’a fait signe et je suis partie les récupérer et ensemble, nous avons décidé de venir en aide à cette couche vulnérable souvent abandonnée, méprisée ».
L’association qui a été créée en 2000, a eu son récépissé en 2002 et compte 700 membres composées de filles-mères, des veuves, des orphelins, a-t-elle poursuivi « Lorsque nous parlons de filles mères, il faut parler d’enfants abandonnés, quand on parle de veuves, il faut parler d’orphelins. Nous avons 62 orphelins que nous prenons en charge, les filles mères sont une centaine (depuis la création de l’association, le nombre ne fait qu’augmenter à cause de la bouche à oreilles ».
En plus de cette cible, l’association vient aussi en aide aux filles en âge de scolarisation ou qui ont abandonné les bancs, a-t-elle déploré « Il y’a des écolières et des lycéennes (qui doivent passer le CEPE ou le BEPC) qui n’ont plus de moyens pour continuer. Pour leur venir en aide, je prends un prêt d’un 1.700.000FCFA à chaque rentrée scolaire pour payer leur scolarité et le Directeur du Complexe scolaire « le Savoir » (un voisin, un Homme de bon cœur et à la belle âme, toujours prêt à me venir en aide) que j’appelle Keita nous aide avec la scolarisation en prenant la moitié de la scolarité en charge. Le siège de l’association se trouve au secteur22 ».
Elle s’est réjouie du fait qu’il y’a la relève puisque des filles à qui elles ont tendu la main à un moment de leur vie, en font aujourd’hui.
Un échantillon de pommade faite à base de beurre de karité.

« Il y’a des filles qu’on a aidé qui font aujourd’hui notre fierté puisqu’elles s’en sortent. Leurs parents les avaient abandonnés ; cependant, elles s’en sortent très bien aujourd’hui et font la fierté de ceux-ci. D’autres travaillent et nous viennent aussi en aide. Certains nous donnent de l’argent, d’autres des fournitures pour nous aider et il y’a des filles mères qui ont réussi ».
L’association intervient aussi dans le domaine de la transformation.
« Nous faisons le beurre de karité, le kokodunda, et une dame en Côte d’Ivoire nous commande le beurre de karité ; les petites boites sont vendues à 500FCFA et les grosses à 1000FCFA.
Nous avons aussi des produits qui donnent du tonus à base des plantes (une femme de l’association nous aide à la fabrication de ce produit) ».
Des difficultés, il n’en manque pas.
L’association rencontre de nombreuses difficultés, a-t-elle relevé tristement « Nous rencontrons de nombreuses difficultés d’ordre financières, morales et quand on parle de veuves, il faut leur donner à manger. Certaines veuves sont dépouillées de tout après le décès de leurs conjoints et nous avons eu entre temps l’accompagnement de l’association des femmes juristes du Burkina Faso AFJ/BF qui nous a été d’une aide précieuse puisque grâce à elle, des veuves ont retrouvé le sourire ».
Et l’appel qu’elle a lancé est un cri de cœur « L’appel que nous avons à lancer est un cri de cœur : si on pouvait avoir de l’aide, on serait beaucoup soulagées si non que ce n’est pas du tout facile. Nous tenons chaque mois une rencontre et qui parle de veuves, de filles mères et d’orphelins, parle de difficultés. Nous cotisons 500FCFA chaque fin du mois plus 200FCFA que nous reversons à la caisse. On fait un tir au sort et deux-trois personnes récupèrent les 500FCFA des cotisations pour se débrouiller et avec les crédits mutuels( ça fait 3éans que je collabore avec une agence de crédits mutuels), je monte souvent leurs dossiers pour qu’elles puissent bénéficier des prêts allant de 200.000 à 300.000FCFA ; certaines vendent des tomates, d’autres vendent les pagnes kokodunda, d’autres revendent le beurre de karité, le soumbala (que nous produisons) et nous leur permettons de elle garder le bénéfice ».
benedicteoued@gmail.com