
Les journalistes Féministes lors de la formation.
Au Burkina Faso, les violences sexuelles et sexistes à l’égard des femmes et des filles sont un problème majeur. Une étude de l’INSD (Institut National de la Statistique et de la Démographie) révèle que 29% des femmes de 15 à 49 ans sont touchées par la violence conjugale, avec environ 20% ayant subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans. De plus, une femme sur quatre a subi des violences conjugales au cours de sa vie, et une sur 17 a été victime d’agression sexuelle, selon la Banque Mondiale.
Toutes les régions du pays sont concernées et le contexte sécuritaire constitue un facteur d’exacerbation du phénomène.22 janv. 2025.
Il est important de noter que ces chiffres ne représentent probablement qu’une partie de la réalité, car de nombreuses victimes ne signalent pas les violences en raison de la honte, de la peur ou du manque de confiance dans les mécanismes de protection, selon la BBC Afrique.
C’est pour lutter contre ce fléau qui gangrène depuis le pays, que l’association Voix de Femmes, en consortium avec d’autres organisations que sont l’Initiative pananetugri pour le bien-être de la femme (IPBF), l’association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJBF) et Equipop (qui est le Chef de file) ont mis en œuvre le Projet « SE DEFENDRE ».

La thématique dans le cadre du Projet aborde les violences sexistes et sexuelles (VSS) a expliqué la chargée du Projet à Voix de Femmes, Carine Ouoba « Il faut dire qu’en plus des VBG (violences basées sur le genre) et toutes autres violences à l’endroit des femmes, les VSS sont le socle de toutes les violences que nous pouvons constater dans la société, d’où la nécessité de mettre en œuvre ce projet. Cependant, le moyen original utilisé dans le cadre de ce projet, c’est l’approche de litiges stratégiques qui est un moyen très efficace, une innovation, une nouvelle stratégie que Voix de femmes utilise comme approche pour défendre les droits des femmes ».
Et dans la mise en œuvre du processus de litiges stratégiques, l’aspect communication est indispensable afin de faire entendre l’opinion publique, afin d’entendre la voix de plusieurs victimes pour accompagner ce processus, d’où la nécessité d’impliquer les journalistes féministes pour les former et les initier à la thématique, a-t-elle précisé « Qu’elles comprennent leurs rôles, l’importance de cette approche et aussi pouvoir bien jouer leurs rôles dans le cadre de ce processus parce que l’aspect communication est indispensable dans le processus de litiges stratégiques , d’où la nécessité d’organiser cette formation tenue en deux jours du 16au 17 juin 2025 à Ouagadougou ».

Carine Ouoba, la chargée du projet à Voix de femmes.
Cette formation qui a duré 48h, a permis d’outiller tous ces acteurs qui vont nous accompagner sur l’aspect communication, la médiatisation des concepts, du cadre de la thématique afin d’avoir la contribution de l’opinion publique, des décideurs parce que les litiges stratégiques nécessitent et provoquent des changements et même des changements de systèmes et pour avoir un changement de système efficace, il faut des décideurs qui cadrent cela, il faut que ce changement soit initié par des décideurs auprès desquels on va mener des plaidoyers, des requêtes pour solliciter ce changement, a-t-elle poursuivi « C’est dans ce cadre que cette formation a été initiée pour outiller les journalistes afin qu’elless puissent nous accompagner dans le processus de litiges stratégiques pour la protection et la promotion des droits des femmes ».
De cette formation, on peut retenir que les journalistes ont un rôle important à jouer lorsqu’on parle de litiges stratégiques, a ajouté Maître Irène Victoria Nébié, titulaire d’un DSS en Droits de l’homme et avocate au barreau de Ouagadougou « Parce que, comme le nom l’indique, c’est un litige auquel on ajoute toute une stratégie derrière et cette stratégie de communication passe aussi essentiellement par les journalistes que ce soit par des articles, par des émissions, des débats, des émissions interactives ».

Maitre Irène Victoria Nébié, la formatrice.
Et on parle de litiges stratégiques lorsqu’on essaie de détourner la fonction 1ère du prétoire pour l’emmener à servir une cause, c’est-à-dire qu’on se retrouve devant le juge ; non plus pour chercher un intérêt immédiat ponctuel pour une seule victime, mais pour à travers le cas de cette victime, arriver à obtenir un changement structurel que ce soit sur les consciences, sur les politiques, sur les lois, sur les pratiques dans la société, a-t-elle conclu.

benedicteoued@gmail.com